Depuis novembre 2021, l’association Les Naturalistes assure bénévolement la collecte de tous les déchets déposés sur la plage de Saziley. Une initiative qui a permis de ramasser près de 800 kilos de détritus aussi divers que variés, mais qui met en exergue la consommation toujours plus importante de plastique notamment. Le président Michel Charpentier appelle à la mobilisation de tous pour changer les comportements des usagers.
Un cordage accroché à un bloc de polystyrène – dont les billes sont facilement ingérables par les animaux marins – par ci, un filet de pêche par là… Voilà le triste constat réalisé par Les Naturalistes sur la plage de Saziley. Depuis six mois, les membres de l’association profitent de leur présence chaque week-end sur le site où ils encadrent l’observation des pontes de tortues pour collecter bénévolement tous les déchets déposés par les marées. « Un boulot lourd », admet Michel Charpentier, le président, au moment d’annoncer les 773 kilos ramassés, dont pas moins de 513 kilos de plastiques, « l’ennemi numéro un ».
Et il faut dire que les chiffres détaillés font froid dans le dos : 470 tongs, 1.326 bouchons, 82 briquets ou encore 35 brosses à dents sur le simple mois dernier… « Nous avons même trouvé une pièce de bois de 8.6 mètres », relate l’activiste environnemental. « Cela devait être le balancier d’une pirogue. » Autre découverte des plus étonnantes ? L’échouage dans la nuit du 5 au 6 novembre de milliers de krills, principale alimentation des baleines par exemple. Autant de détritus triés, mis en sac et transportés par bateau jusqu’aux bacs à ordures de Mutsamoudou, où « les conditions sanitaires sont plus que douteuses ».
Des photos peu aguichantes
Cette initiative est ainsi l’occasion de répéter une nouvelle fois les conséquences néfastes sur la faune marine (les matières plastiques ont une durée de vie en mer de 500 ans et se fragmentent avec le temps en particules inférieures au micromètre invisibles à l’œil), mais aussi sur le cadre de vie de tous. « Je n’ai aucun scrupule à montrer ces photos peu aguichantes », insiste Michel Carpentier, avant d’évoquer des situations similaires à Charifou et à Dapani, ainsi que dans la descente en direction de la cascade de Soulou et dans la mangrove de Majicavo Koropa ! « Certaines portions du littoral, à l’aval de villages à forte densité, récoltent à coup sûr une masse de déchets proportionnellement beaucoup plus importante qu’une plage sans présence humaine en amont. »
Si le président des Naturalistes souhaite continuer son action « pour avoir des éléments de comparaison dans la durée », il invite à une prise de conscience collective de la part des consommateurs, des distributeurs, des organismes de collecte et des décideurs institutionnels. « Beaucoup d’élus se disent soucieux du développement touristique. Mais pour cela, il faut d’abord s’attaquer à la propreté des plages. Nous pourrions récompenser les collectivités qui se distinguent, nous aurions tout à y gagner ! »
À condition que le préventif prenne peu à peu le pas sur le curatif… « Il faut faire basculer la consommation vers plus de raisonnabilité. » En témoignent les quelque 450 tonnes récupérées annuellement dans les bacs de tri et les 37.000 tonnes de déchets ménagers enfouies par le Sidevam. « La tâche est énorme, il faut une impulsion à la fois départementale et communale », martèle Michel Charpentier. Sans quoi, Mayotte risque bel et bien de se transformer en déchetterie à ciel ouvert.