Stade de Cavani : Zouhourya Mouayad Ben : « l’urgence est de clôturer le site »

La quatrième vice-présidente du conseil départemental de Mayotte en charge des sports, de la culture et de la jeunesse déplore l’absence de consensus entre l’État et le Département pour éviter l’implantation durable d’un camp de migrants au stade Cavani. Un collectif de manifestants sollicite une intervention avant vendredi, faute de quoi les locaux du Département resteront cadenassés (voir encadré).

Flash Infos : Vous vous êtes entretenus avec le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, le mardi 9 janvier, au sujet du camp de migrants dit du stade Cavani. Le 26 décembre, le tribunal administratif de Mamoudzou a rejeté la demande du Département visant à faire expulser les occupants, en estimant que l’urgence n’était pas caractérisée. Quelles sont les solutions avancées pour décanter la situation ?

Zouhourya Mouayad Ben : Pendant cette réunion, le préfet nous a présenté en détail le trajet de ces personnes-là [N.D.L.R. les migrants]. Ce n’est pas le plus important. Ce qui compte, c’est de les faire partir de Cavani. C’est à la préfecture de trouver des solutions car nous, au Département, on n’en a pas. Nous voulons rouvrir les portes de nos services (voir encadré). Il faut que les gens puissent aller travailler. Les manifestants nous disent qu’ils rouvriront les portes lorsqu’on aura réussi à faire partir les migrants de Cavani. Parmi les solutions évoquées lors de la réunion du 9 janvier, on nous a proposé de mettre à disposition des locaux du Département. Chose que nous n’acceptons pas. Hors de question que le Département mette à dispositions des locaux. Nous-mêmes, on n’a pas assez de locaux. Cela n’est pas possible.

F.I. : Qu’est-ce que le Département a proposé de son côté ?

Z.M.B. : La solidarité nationale. Il faut que ces gens-là puissent partir de Mayotte, parce que la majorité ne souhaite pas rester sur le territoire. Ce que nous dit la préfecture, c’est qu’il faut faire des vérifications au cas par cas dans le camp de migrants afin de voir qui a la possibilité de voyager. Tout ça, c’est la préfecture qui doit le faire. S’ils en ont la volonté, ils le feront.

F.I. : La question d’une évacuation du stade a été évoquée lors de cette réunion ? Vous estimez [voir le Flash Infos du 9 janvier] que les travaux pourraient reprendre en mars 2024. Selon quelles conditions ?

Z.M.B. : Non, la question de l’évacuation n’a pas été évoquée. Pour les services de l’État, il n’y a pas urgence. On a saisi le conseil d’Etat et le dossier a déjà été déposé [par maître Laurent Tesoka, avocat du Département]. On sait très bien que les travaux n’avancent pas à cause de l’insécurité, des jeunes qui dorment dans les tribunes et volent le peu de matériel qu’on installe… L’urgence est de clôturer le site. Si on ne clôture pas, les travaux n’avanceront pas. L’attente de la population est très forte.

F.I. : Quelles sont les prochaines échéances ? Avez-vous obtenu une date d’audience au conseil d’État ?

Z.M.B. : Nous n’avons pas encore de date en ce qui concerne le conseil d’État. De son côté, le préfet dit que ses services doivent vérifier les identités des personnes qui sont dans le camp de migrants. C’est quelque chose qui m’étonne un peu, car si ces gens ont un statut de réfugié, les services de l’État ont tous les éléments nécessaires. Quoiqu’il en soit, la population nous a donné un délai. Si d’ici vendredi, rien n’est fait, les manifestants vont passer à une autre étape, d’après ce qui nous a été rapporté. On veut que l’État sache que tout ce qui va arriver sera de sa responsabilité. Dès le 19 mai 2023, le Département a signalé ce qui se passait à Cavani. Ensuite, j’ai appelé le préfet à ce sujet. Le maire de Mamoudzou a organisé un sitting devant le stade… Malgré cela, l’État s’est muré dans son silence. Aujourd’hui, on ne sait même pas où la séance de réunion prévue avec la présidente de l’Assemblée nationale [N.D.L.R. ce jeudi après-midi, une autre est prévue le lendemain matin] se tiendra, car le conseil départemental est cadenassé.

Des manifestants lancent un ultimatum

Dans la nuit du lundi 8 au mardi 9 janvier, un collectif de manifestants, notamment composé de participants aux sittings organisés quotidiennement sur le parking du stade Cavani, a cadenassé les entrées du conseil départemental de Mayotte, à Mamoudzou, ainsi que celle de ses annexes. Depuis, les agents ne peuvent plus accéder à leurs bureaux. La condition sine qua none à la « libération » des accès est l’évacuation du stade Cavani.

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