Plan “Mayotte Debout” Ben Issa Ousseni : “On compte beaucoup sur nos parlementaires”

La proposition de loi d’urgence suite au cyclone Chidoayant été communiquée, ce week-end, au conseil départemental de Mayotte, les élus ont donc décidé de reporter le vote concernant “Mayotte Debout” (dont une partie des mesures seront dans la loi d’urgence) à mercredi, pour pouvoir y contribuer également. En attendant, la réorganisation des services en ces temps de crise a été approuvée.

Flash Infos : Quelle est la raison du report du vote, ce lundi matin ?

Ben Issa Ousseni : La loi d’urgence nous a été présentée ce week-end. On a donc reporté le vote sur le plan “Mayotte Debout” à mercredi, puisqu’on n’a pas eu le temps de travailler dessus.

F.I. : Justement, vous comptez avoir votre mot à dire sur cette loi d’urgence, quelle marge de manœuvre vous laisse-t-on ?

B.I.O. : En fait, on compte beaucoup sur nos parlementaires. L’expérience de la loi Mayotte (N.D.L.R. sans cesse repoussée jusqu’à maintenant) doit nous servir. A chaque fois, le texte était amendé parce que les maires amenaient leurs propositions. Cette fois-ci, on veut arrêter un document du territoire et que plus personne ne rajoute une ligne.

F.I. : Sans donner les détails de la loi d’urgence, est-ce que c’est loin de ce que vous attendiez et espérez-vous changer beaucoup de choses avant le conseil des ministres de mercredi ?

B.I.O. : En tout cas, il y a des choses à compléter, d’autres que nous ne comprenons pas. Je vais prendre un exemple simple. L’établissement public de la refondation de Mayotte (N.D.L.R. un organe étatique dédié à cette mission, sur le modèle de celui de la reconstruction de Notre-Dame-de-Paris), nous voulons savoir clairement quel est le contenu, quelles sont les missions, et surtout quel exécutif. C’est beau de dire que c’est le président du conseil départemental de Mayotte qui préside, mais quelle sera la marge de manœuvre au sein cet établissement ?

F.I. : En session extraordinaire, vous avez voté la réorganisation des services. En quoi, ça va constituer ?

B.I.O. : Sur cette période d’urgence où on n’a pas de locaux, pas de bureaux, nous avons organisé nos services en cinq blocs avec des missions très précises pour une période de trois mois. Les agents ne font plus les mêmes missions. Il y a un bloc, par exemple, pour l’administration générale qui va remplir les missions transversales de services juridiques, les finances et la commande publique. On en a un autre sur les infrastructures et la reconstruction, qui font l’état des lieux de nos locaux, travaillent avec les assurances et proposent des choses pour la reconstruction. Sur trois mois, on va mettre en place du télétravail de manière généralisée. On était sur du télétravail deux à trois jours par semaine. Sur 3.000 agents, on ne peut pas accueillir plus de 500. On a aussi des espaces de coworking comme ici (N.D.L.R. le préau du siège du Département à Mamoudzou), où les directeurs généraux adjoints (DGA) se retrouveront.

F.I. : Quand cette réorganisation sera effective ?

B.I.O. : Elle est effective depuis deux semaines en réalité. Il manquait son approbation en séance du conseil. Elle a déjà été validée par le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Donc là, officiellement, on met en place cette réorganisation.

F.I. : De quelle manière le Département s’engage sur l’après-Chido ?

B.I.O. : De deux manières, il y a la partie urgente avec la signature de conventions avec la Croix Rouge (voir encadré),la Fondation de France, les Compagnons bâtisseurs. La totalité des aides perçues jusque-là va être reversée aux associations. On va mettre en place une cellule de contrôle qui va travailler avec la Croix Rouge. On va s’assurer que toutes les aides vont bien sur tous les champs possibles. Pour nos agents qui ne font pas de télétravail, on va les affecter sur le travail avec les associations, sous le contrôle du Département. Ils participeront ainsi à la distribution.

Le Département viendra après, quand toutes les aides auront été déployées, où est-ce qu’on pourrait apporter un peu plus. Je pense aux aides Fazal sur l’amélioration de l’habitat des plus défavorisés. On va retravailler et aller plus loin puisque l’aménagement se limitait à l’intérieur. On fixe un objectif de 100 personnes cette année et l’aide pourrait passer de 20.000 à 30.000 euros. Nous allons aussi réfléchir à l’accompagnement du monde économique. Pendant le Covid-19, on avait offert des bons de tourisme intérieur. Il y a des pistes de travail, mais rien de validé encore. Nous attendons d’abord le déploiement.

La Croix Rouge attendra sa convention

Ce mercredi, le conseil départemental de Mayotte procédera également au vote pour la signature d’une convention de la Croix Rouge. Le montant de vingt millions d’euros doit servir à assurer la distribution de dons qui continuent d’affluer. Mais la commission permanente, en amont de la session extraordinaire, ne s’est pas déroulée comme prévu. Les conseillers départementaux d’opposition ont refusé de signer le rapport sans avoir la convention sous les yeux. Tollé dans les rangs de la majorité départementale qui reproche aux cinq élus du groupe “Le choix des Mahorais” d’empêcher cette convention alors que les distributions sont déjà en cours. Pour Elyassir Manroufou, conseiller départemental du canton de Mamoudzou 2, “on ne peut pas signer un document sans l’avoir vu, même si on nous dit qu’il faut croire le président sur parole”. Ce dernier a finalement décidé de renvoyer le rapport à une nouvelle session prévue mercredi matin.

Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.

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