« Je ne connais personne qui a mal pris le départ d’Hervé Derache »

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Le contrôleur général Hervé Derache, arrivé fin novembre 2023, n’est plus directeur territorial de police nationale à Mayotte.

Le contrôleur général Hervé Derache, en poste depuis novembre 2023, n’est plus directeur territorial de la police nationale à Mayotte depuis mardi 28 mai. Il a été remplacé en intérim par son directeur adjoint, le commissaire divisionnaire Fabrice Guinard-Cordroch. Djamalidine Djabiri, secrétaire départemental du syndicat UN1TÉ (ex-SGP-FO Police), explique que le Nordiste a été remercié et sans surprise.

Flash Infos : Connaissez-vous les raisons du départ du directeur territorial de la police nationale (DTPN) à Mayotte, Hervé Derache ? Est-il parti volontairement ?

Djamalidine Djabiri : On a appris officiellement son départ le 28 mai, mais nous savions déjà qu’il avait été remercié vraisemblablement pour l’ensemble de son œuvre. C’est quelqu’un de très contesté par les organisations syndicales et ses collaborateurs officiels. Son départ ne nous a pas étonné.

F. I. : Pourquoi était-il contesté ?
D. D. : C’est quelqu’un qui exerce un management exagérément directif, qui ne laisse pas la place au dialogue et avec qui il y avait de profonds désaccords avec notre organisation syndicale que je représente (UN1TÉ, ex-SGP-FO Police) par rapport à sa gestion des effectifs, très critiquable, lors des mouvements de protestations des Forces vives. Mais aussi quant à des décisions qui ont engendré une rupture d’égalité entre les agents administratifs de la police nationale et la préfecture concernant l’aménagement des horaires pendant le ramadan. Plus l’octroi du dispositif de télétravail à certains mais pas à d’autres sans explications valables. Le dernier désaccord entre le syndicat et lui concernaient l’élaboration de la liste des personnes retenues pour une mutation à Mayotte : des agents vraisemblablement retenus ont été retirés de cette liste sans motif préalable et les critères n’étaient pas transparents. C’était une pré-liste, donc on attend car la liste doit être faite par la direction des ressources humaines de la police.

F. I. : Dès son arrivée en novembre 2023, il a souhaité, selon nos informations, modifier l’organisation du service, notamment en permettant à plus d’effectifs d’être mobilisés le matin plutôt que tout concentrer vers 16 heures ou 17 heures au moment des sorties scolaires. Qu’est-ce qui a changé dans votre organisation ?
D. D. : Il a prévu le chantier d’un changement de cycle d’horaire et de travail sans consulter les organisations syndicales au préalable. Ce que nous avons refusé et qui n’a donc pas été adopté.

F. I. : Qu’est-ce qui vous embêtait dans cette décision ?
D. D. : Il a voulu faire ça soi-disant dans l’intérêt du service. Mais pour nous, ça doit se conjuguer avec les intérêts du personnel. Tout ce qu’il a décidé ne correspondait pas à ce qui était souhaité par les agents.
F. I. : Néanmoins, était-il efficace ? Selon nos informations, le tribunal judiciaire nourrissait quelques inquiétudes…
D. D. : Sur le volet judiciaire, je n’ai pas à commenter car c’est le procureur qui en a la direction.

F. I. : Son départ s’inscrit en plein dans le contexte de l’opération Mayotte « Place nette » de lutte contre l’immigration illégale et l’habitat informel lancée par le gouvernement. Cela aura-t-il une incidence selon vous ?
D. D. : Je ne pense pas, dans la mesure où c’est quelqu’un qui était très contesté par ses collaborateurs. Or, on a besoin de travailler avec tout le monde dans ce genre d’opération d’envergure.

F. I. : Son ancien directeur adjoint, le commissaire divisionnaire Fabrice Guinard-Cordroch, a été nommé DTPN pour assumer l’intérim. Quelle est la suite ?
D. D. : Il assurera ce poste le temps qu’un nouveau directeur soit nommé. Pour le moment, rien n’a été fait, c’est en attente. Mais pour le directeur en intérim et son adjoint, il n’y a pas de difficulté.

F. I. : Vous dites qu’Hervé Derarche était contesté. L’était-il par tous ?
D. D. : Je ne connais personne qui a mal pris son départ. Tout policier et syndicat de policiers confondus. Certains ne se sont pas exprimés mais ne sont pas mécontents pour autant.

F. I. : Quelles sont vos attentes pour le futur directeur ?
D. D. : On attend de lui qu’il fasse preuve de respect et d’écoute envers ses collaborateurs et agents placés sous sa responsabilité, qu’il laisse une place au dialogue social.