« Il faudra me mettre les menottes, il est hors de question que je parte »

La régularisation foncière fait parfois des heureux et des malheureux dans les familles mahoraises. Celle de Youssouf Adinani en fait partie. Ce dernier se retrouve menacé d’expulsion de sa propre maison à Miréréni, après une procédure lancée par son demi-frère*.

« Si on vient m’expulser, il faudra me mettre les menottes, il est hors de question que je parte », affirme Youssouf Adinani. L’homme le sait, cela pourrait arriver très vite. L’enseignant vient à nouveau de recevoir un courrier de la préfecture de Mayotte, daté du 3 décembre, l’informant qu’un commissaire de justice avait demandé le concours des forces de l’ordre, « faute de libération des lieux de votre propre chef dans les délais impartis ». Cette maison, le quinquagénaire l’a construite en 2004 sur le terrain familial situé sur une parcelle entre les villages de Combani et Miréréni, dans la commune de Tsingoni. Celui-ci a été acquis par sa mère et son beau-père en 1988 auprès de la société Bambao pour 43.430 francs. Les deux ont toutefois divorcé, dix ans plus tard, et selon le fils, sa mère disait souvent que la propriété avait été divisée en deux, deux hectares au mari et les trois autres à elle.

Une reconnaissance en 2015

Youssouf Adinani, qui a alterné entre des périodes où il enseignait en métropole et celles où il vivait à Mayotte, envisageait de pouvoir s’installer durablement à Miréréni. Sauf que la suite ne s’est pas passée comme prévu. Il a découvert que l’enquête cadastrale (à laquelle il a participé en 2005) a fait de son beau-père le seul propriétaire des lieux finalement. En outre, il a constaté que son demi-frère* (qui vit à une centaine de mètres) a, de son côté, des vues sur le terrain sur lequel il a un projet immobilier et s’est fait reconnaître comme propriétaire en 2015 par le conseil départemental de Mayotte, qui avait récupéré le Domaine de Combani à la dissolution de Bambao en 1991. La collectivité s’était alors fiée à une attestation de renonciation signée unilatéralement par le beau-père, deux ans auparavant. « Il y a que sa signature, il n’y a ni celle de sa mère ni les nôtres », fait pourtant remarquer Youssouf Adinani, qui voit dans cette régularisation des coups de pouce de l’administration locale dans laquelle son frère a plusieurs proches.

L’homme a bien tenté de contester son expulsion en justice, mais le jugement en référé de 2021 ne lui a pas donné raison. « Le juge a rendu son avis que sur du sable, il n’y a jamais eu d’enquête », regrette-il aujourd’hui. Il a également essayé de plaider son cas auprès de la préfecture, mais il n’a jamais eu de réponse, hormis cette nouvelle lettre d’expulsion datée du 3 décembre. S’il souhaite encore contester cette éviction, il sait qu’elle se fait de plus en plus proche. Une tractopelle est déjà chez son demi-frère depuis ce lundi.

*Contacté, son demi-frère ne souhaite pas s’exprimer et s’appuie sur la décision de justice qui lui a été favorable en 2021.

Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.

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