Master M’ze Mogné est directeur de l’agence de courtage Ylang assurances à Mayotte et professionnel dans ce domaine depuis près de 20 ans. Il a accepté de revenir pour Flash Infos sur le rôle des assurances après la catastrophe du cyclone Chido.
Flash Infos : Quel dispositif avez-vous mis en place après le cyclone Chido ?
Master M’ze Mogné : Avant et après le cyclone, nous avons envoyé des messages texte à nos clients pour les informer et leur expliquer comment déclarer leur sinistre directement depuis leur téléphone. Cependant, nous savons qu’il y a eu des problèmes de réseau pendant quelques jours, ce qui a compliqué l’accès à ces services pour certains.
F. I. : Est-ce que certains des sinistres liés au cyclone seront pris en charge ?
M. M. M. : Tout d’abord, un état de catastrophe naturelle a été déclaré. Pour que l’assurance prenne en charge un sinistre, il faut que le client ait une garantie adéquate. Par exemple, pour les voitures, cela pourrait être une garantie pour le bris de glace, le vol, l’incendie ou une couverture tous risques. Si le client est uniquement assuré pour la responsabilité civile, il ne pourra pas être indemnisé pour les dommages causés par la catastrophe naturelle. Pour les habitations, presque toutes les compagnies d’assurance proposent cette garantie. Cependant, certains n’étaient pas assurés et ont malheureusement réalisé trop tard l’importance de cette couverture.
F. I. : À Mayotte, on estime que seulement 8 à 10 % des biens sont assurés. Qu’en pensez-vous ?
M. M. M. : Oui, c’est un fait. En plus, il y a des zones où certains biens ne peuvent pas être assurés, soit à cause de la manière dont les maisons sont construites, soit à cause de réglementations qui rendent l’assurance impossible. Cela complique encore les choses.
F. I. : Combien de temps faudra-t-il pour que les premières indemnisations arrivent ?
M. M. M. : C’est très simple, légalement, après l’état de catastrophe naturelle, nous avons deux mois pour effectuer une première proposition. Elle n’est pas définitive. C’est une avance par rapport à la situation. Elle peut être faite au cas par cas. Par exemple, pour quelques vêtements, il y a quelques assureurs qui avancent des frais en fonction du montant. Par contre, c’est vrai que si l’on a perdu un toit, l’avance de frais est différente. Toutes les assurances, à ma connaissance, ont joué le jeu, au vu de la situation exceptionnelle.
F. I. : Est-ce que cela va prendre beaucoup de temps pour les indemnités ?
M. M. M. : Malheureusement, vu l’étendue des dégâts, cela prendra un peu plus de temps pour certains, mais pas nécessairement à cause de l’indemnisation. Le vrai délai vient du processus de gestion des sinistres : l’évaluation des dégâts, la prise en charge par les experts, etc. Cela prend du temps. Mais une fois le dossier réglé, on passe à autre chose. C’est dans l’intérêt de tout le monde, y compris celui des experts, car eux non plus ne sont pas payés tant qu’ils n’ont pas finalisé leurs rapports.
Journaliste, aussi passionné par les paysages de Mayotte que par sa culture. J’ai toujours une musique de rap en tête.