« Marraine et moi » : un dispositif 100% féminin lancé ce vendredi

Oudjerebou, couveuse d’entreprises de Mayotte, encourage de jeunes entreprises ou porteuses de projet à se développer par un concept de « marrainage ». Ce réseau 100 % féminin favorise l’égalité des chances grâce à un accompagnement. Ces néo cheffes d’entreprise sont guidées par des personnes expérimentées, dans le but d’accroître leur ascension.

Lancée officiellement en 2021, « Marraine et moi » regroupe des femmes d’entreprises. Plus particulièrement  des cadres expérimentés qui marrainent des porteuses de projet et des jeunes créatrices d’entreprises de moins de trois ans. « Ces porteuses de projet vont être marrainées, accompagnées pendant douze mois et aiguillées pour pouvoir se développer personnellement et professionnellement. Elles apprendront notamment comment se positionner par rapport à leurs collègues au travail, comment se défendre en entreprise ou comment lancer leur activité », détaille Mariama Ibouroi Mze, la chargée de communication, dans les locaux de la couveuse à Cavani Sud.

Si beaucoup prennent goût à l’entreprenariat, la pérennité sur le marché est importante. Pour ce faire, les jeunes cheffes d’entreprises sont orientées sur comment avancer malgré les obstacles qui peuvent surgir. En effet, « l’idée du réseau a été développée dans un premier temps par ‘’entreprendre au féminin’’, une association qui n’existe plus. Elle avait pour projet de parrainer les lycéens par des cheffes d’entreprises ou des cadres. Par la suite, elle a demandé main forte à Oudjerebou », avance la chargée de communication.

Trouvant l’idée intéressante, la couveuse a décidé d’implanter le dispositif en interne. « Nous avions des femmes porteuses de projet qui rencontraient des difficultés.  Nous avons donc sollicité des marraines cheffes d’entreprises encore en activité, qui sont passées par différentes étapes pour les aider, en partageant leurs expériences et leurs expertises », affirme-t-elle.

Dans ses premiers pas au sein de la couveuse, « Marraine et moi » attribuait à chaque filleule une marraine. Cependant, cela n’a pas très bien fonctionné. « Les filleules avaient peur de contacter leur marraine attitrée, de peur de déranger la cheffe d’entreprise. Il a donc été nécessaire de relancer le concept et de faire en sorte qu’une filleule n’ait pas une seule marraine mais plusieurs. Dans le but d’élargir les contacts et qu’ils puissent prendre attache avec la marraine à tout moment », déclare la membre de la couveuse.

Le 3 juin sera lancé officiellement « Marraine et moi » en réunissant les marraines, les filleules ainsi que les partenaires pour faire connaître les deux premiers groupes constitués. « Nous allons avant cet événement rencontrer les filleuls et recueillir leurs besoins afin de prévoir ce que nous pourrons mettre en place dans le but de les aider et vice-versa pour les marraines », souligne Kalathoumi Attoumani, la responsable.

« Pas de profil type » pour intégrer le réseau 100% féminin

Jusqu’à vendredi, le réseau incluant différentes structures telles que la BGE (boutique de gestion pour entreprendre), Créa Pépite, la Cress (chambre régionale de l’économie sociale et solidaire) et Pôle emploi, est en plein recrutement de marraines et de filleules. Quatre structures, en plus d’Oudjerebou, qui souhaitent résoudre la même problématique. « À nous cinq, nous nous sommes réunis pour aider ces femmes à se développer et à dépasser ces trois années de création d’entreprise et au-delà de ça, à se créer un réseau », souligne Mariama Ibouroi Mze.

La notion de groupe pour ces organisations accompagnatrices est très importante dans la mesure où le choix des marraines nécessite l’accord de chacune. Dans le cadre du recrutement, la marraine doit être disponible et ne doit en aucun cas lors de son intégration à « Marraine et moi » mettre en évidence toute forme de position politique. Pour cela, une charte est signée avant l’intégration. « Il n’y a pas de profil type. On a des commerçantes, des avocates… »

Travailler en réseau est essentiel pour le cheminement d’une entreprise. L’isolement des femmes entrepreneurs est très répandu pour la simple et bonne raison que le réseau de femmes d’affaires à Mayotte est très restreint ou n’existe quasiment pas.  « Un tel réseau à Mayotte est très difficile à constituer, du fait que les femmes ne se font pas confiance entre elles. C’est sûrement dû à la mentalité mahoraise mais pas que. Voilà pourquoi, nous visons particulièrement les femmes. En revanche, chez les hommes, constituer un réseau est quelque chose d’assez naturel », évoque-t-elle avec beaucoup de regrets. Actuellement, « Marraine et moi » regroupe 50 membres, mais Oudjerebou souhaite au fil du temps devenir un gros réseau au niveau départemental.

Une rencontre, un échange

Pour que ces femmes se côtoient, « Marraine et moi » envisage d’organiser des échanges deux fois par mois. « Pour obliger les groupes à se rencontrer le plus possible et à créer des connexions. Cela va d’autant plus servir aux femmes porteuses de projet mais également aux femmes entrepreneurs expérimentées », annonce la communicante. En effet, ces évènements seront sous forme de masterclass, de workshop, d’ateliers de formation et également de visites d’entreprises. Ainsi, est prévu de travailler avec des acteurs tels que des psychologues du travail ainsi que des journalistes.

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