Directrice de la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire de Mayotte depuis un an, Maymounati Moussa Ahamadi voit son travail déjà salué par tous, y compris à l’échelle européenne. Elle vient d’être classée dans le top 100 des femmes d’Europe qui se sont engagées dans l’entrepreneuriat social.
Elle cherche encore celui ou celle qui se cache derrière sa nomination… À 36 ans, Maymounati Moussa Ahamadi fait partie des 100 femmes européennes les plus engagées dans l’entrepreneuriat social, selon Euclid Network, une organisation européenne qui soutient les entreprises sociales. Dans cette liste se trouvent 4 Françaises, dont Maymounati, la seule ultramarine du lot. Cette reconnaissance est à l’origine d’un(e) inconnu(e). “Les personnes nommées ont été recommandées par d’autres, et jusqu’à maintenant je ne sais toujours pas qui a déposé ma candidature”, sourit-elle. L’admirateur ou admiratrice secret.e aura pris de court la principale concernée qui n’imaginait pas ce qui se tramait. “Lorsque que l’on m’a annoncée la nouvelle, j’étais vraiment surprise d’être nommée aux côtés de toutes ces femmes inspirantes du monde”, raconte-t-elle.
Et une fois l’émotion passée, elle réalise que cette reconnaissance a une valeur symbolique. Non pas pour elle, mais pour toutes les autres femmes mahoraises. “À travers cette nomination, ce sont toutes les femmes de Mayotte, d’hier, d’aujourd’hui et de demain qui sont placées au sommet de l’Europe. Je pense qu’à aucun moment, les Chatouilleuses ont imaginé qu’une de leurs enfants les représenterait au niveau européen”, selon la directrice de la Cress Mayotte. Elle espère surtout être un exemple pour toutes les petites filles mahoraises qui cherchent un modèle auquel s’accrocher, à l’exemple de la sienne qui a 8 ans. “On ne peut pas laisser nos enfants sombrer dans la délinquance. Nos parents ne nous ont pas abandonnés, alors pour-quoi on baisserait les bras ? Je veux donner de l’espoir et du courage à tous ces enfants qui en ont besoin”, clame-t-elle.
L’économie sociale et solidaire, son combat
Maymounati Moussa Ahamadi dirige la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire depuis mars 2020, à l’aube de la crise sanitaire. Malgré le contexte particulier, son équipe et elle ont été présents pour les entreprises dans le besoin. “On a continué notre activité, on s’est surpassés et on a dépassé les objectifs fixés dans les conventions parce qu’on savait qu’il y avait des besoins. Nous avons consolidé les emplois déjà existants et avons fait en sorte d’en créer des nouveaux malgré la crise”, indique-t-elle. Sa motivation ? La solidarité qui est ancrée dans les mœurs mahoraises. “L’ADN des Mahorais, c’est de travailler ensemble, de lutter pour le territoire en y apportant des actions concrètes. Notre ADN repose également sur l’économie sociale et solidaire, c’est ce qui me porte, parce que c’est ce qui nous ressemble”, rappelle Maymounati Moussa Ahamadi.
Elle fait savoir que durant l’année 2020, son équipe a généré 650.000 euros pour les porteurs de projets qui ont eu le courage de créer et innover pendant la crise sanitaire. Ces prouesses et cette nomination ne sont que le début d’une longue aventure pour elle puisqu’elle veut « continuer à donner de la dignité humaine et à faire en sorte de guider vers le haut les personnes qui viennent nous voir”. Engagée, la mère de famille reste optimiste sur l’avenir du territoire. À ses yeux, les femmes ont toute leur place dans notre société et doivent prendre le pouvoir. “Je sais que le quotidien d’une femme n’est pas évident, mais c’est avec des petites actions communes que l’on pourra déplacer des montagnes. Il n’y a rien qu’on ne peut surmonter. Nous devons garder l’espoir d’un monde meilleur et on peut le faire qu’en étant solidaires.” Mesdames, à vous de diriger le monde maintenant.