Les crèches, entre retard structurel et manque de qualifications

À l’occasion de la semaine nationale de la petite enfance, les différents acteurs du domaine, qu’ils soient institutionnels ou associatifs, ont monté des stands ce mercredi 23 mars sur la place de la République à Mamoudzou pour informer le public sur ce secteur d’activité. Générant de gros besoins en termes de ressources humaines du fait de la forte démographie que connaît l’île, il n’en reste pas moins que les métiers de la petite enfance sont désormais très réglementés, ce qui crée un frein au développement des crèches notamment.

Place de la République, mercredi 23 mars. Une foule importante composée principalement de femmes (tradition oblige à Mayotte…) se pressent derrière les stands installés par les acteurs de la petite enfance. Ni une ni deux, celui de la Protection Maternelle et Infantile (PMI) se retrouvent pris d’assaut. Service du conseil départemental dont la fonction médico-sociale est axée sur la prévention, la PMI possède de nombreux points d’accueil aux quatre coins de l’île, assidûment fréquentés par les Mahoraises.

Pour Madi Velou, le vice-président en charge des solidarités, de l’action sociale et de la santé, la semaine de la petite enfance, dont c’est la 2ème édition sur l’île, permet de « voir l’importance du travail accompli dans le domaine ». Alors certes, les choses évoluent dans le bon sens, mais un long chemin reste encore à parcourir pour assouvir les besoins. D’où l’organisation d’une table ronde, en partenariat avec Pôle Emploi, pour expliquer aux visiteurs les différents métiers de la petite-enfance et, éventuellement, susciter des vocations pour travailler en crèches.

Un manque criant de personnels qualifiés dans le domaine

À Mayotte, il n’existe que 14 structures de ce type sur l’ensemble du territoire : 13 privées et une seule publique (la crèche municipale de Bandrélé). Il en faudrait pourtant beaucoup plus pour couvrir les demandes, toujours plus nombreuses en raison de l’émancipation professionnelle des mamans. « Il y a toutefois des avancées ! Depuis quelques années, les crèches de Mayotte sont soumises à la prestation de service unique mise en place par la CSSM, c’est-à-dire que le tarif horaire est fixé en fonction des revenus des parents », révèle Ségolène Meunier, la responsable du bureau petite enfance de la PMI. « Avant cela, il est vrai que seules les familles « aisées » pouvaient se permettre de placer leurs enfants dans ces établissements. »

Dès lors, le conseil départemental souhaite développer un réseau plus important de crèches et se mobilise pour accompagner les porteurs de projets en la matière. Preuve en est avec l’attribution fin 2021 de 150.000 euros de subventions pour les crèches déjà existantes et celles en cours de création ! Seul hic, les qualifications pour y travailler s’avèrent très réglementées par la loi française. Finies les « nounous » d’autrefois, place désormais aux « assistantes maternelles », un métier exigeant qui requiert une formation spécifique. « On estime qu’il manque 1.500 à 2.000 assistantes maternelles à Mayotte », note Ségolène Meunier. Si le fonds de développement social investit beaucoup sur le territoire pour sortir de terre de nouvelles crèches, encore faut-il pouvoir les faire vivre avec du personnel qualifié. Au vu du grand nombre de personnes présentes à la table ronde ce mercredi, ces métiers intéressent sans aucun doute un grand nombre de demandeurs d’emploi et d’étudiants, ce qui constitue un bel espoir de développement du secteur.

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