En déplacement à Mayotte à l’occasion de la visite ministérielle, la secrétaire d’État auprès de la Première ministre chargée de l’enfance, Charlotte Caubel, a signé ce lundi après-midi un contrat départemental de prévention et de protection de l’enfance. Une première pierre pour la magistrate de formation qui entend bien réunir tous les ministères concernés par le sujet autour de la table afin de mener des actions spécifiques. Entretien.
Flash Infos : Quelles sont les grandes lignes de ce contrat départemental de prévention et de protection de l’enfance ?
Charlotte Caubel : Il y a une politique de contractualisation entre l’État et les conseils départementaux de manière générale, qui nous permet d’apporter un certain nombre de financements aux collectivités qui sont compétentes en matière de protection de l’enfance sur des points très spécifiques en fonction des besoins des territoires.
À Mayotte, ces derniers sont extrêmement importants tant la population est jeune et les difficultés nombreuses. Il y a de cela quelques heures, j’étais auprès de très jeunes mamans enceintes qui sont accueillies dans un lieu de vie adapté, donc il faut accompagner la parentalité, l’éducation à la santé… Il s’agit d’une enveloppe de 2.5 millions d’euros pour 2022-2023. Certes, ce n’est pas beaucoup par rapport au quelque 60 millions d’euros mis sur la table par le conseil départemental dans ce domaine, mais cela va nous offrir la possibilité de cibler quelques actions.
FI : Lesquelles par exemple ?
C. C. : Il y a des objectifs précis, notamment dans le renforcement des cellules de recueil des informations préoccupantes, qui sont les lieux où l’on envoie les signalements des enfants en danger, dans l’amélioration de la formation des professionnels du Département en matière de protection de l’enfance, dans l’accompagnement des mamans les plus jeunes… Nous pouvons parler ici de mesures très concrètes qui vont être financées « en partie » par l’État, puisque la collectivité s’engage à budgétiser la même somme !
FI : Une délégation mahoraise doit se rendre dans les prochains jours à Paris pour approfondir tous les sujets financés. À quoi faut-il s’attendre ?
C. C. : L’État aide les départements de plusieurs façons : soit via une contractualisation comme c’est le cas aujourd’hui, soit par le biais d’une dotation globale. Ce que demande le président [Ben Issa Ousseni], c’est que les deux parties passent leurs comptes en revue et que nous réalisions les balances pour savoir qui met quoi. Donc nous allons procéder à une photographie financière et ensuite nous déterminerons ce que nous voulons prioriser. Il y a tant à faire que nous devons nous focaliser sur des actions bien spécifiques. Les travaux vont démarrer au mois de septembre… Et j’espère pouvoir rapidement revenir sur le territoire pour établir une feuille de route pour les prochaines années.
FI : Encore plus ici qu’ailleurs, la protection de l’enfance est un sujet transversal sur le département. À l’image de l’annonce, vendredi dernier, par le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, de la création d’un centre éducatif fermé fin 2024…
C. C. : Tout à fait ! Voici par exemple une contribution de l’État à une modalité d’accueil et de mise en protection des enfants qui sont passés sous la coupe de la délinquance. C’est ce que je disais : cette contractualisation est une première pierre en lien avec l’agence régionale de santé, la préfecture et moi-même ! Mon objectif à terme est de réunir deux autres acteurs de la table, à savoir l’Éducation nationale et la Justice, pour l’intégration des mineurs les plus en difficulté. Nous avons bien évidemment pour ambition d’avoir une approche globale.
FI : Malheureusement, les interventions publiques peuvent, bien trop souvent, mettre du temps à apporter leurs premières réponses par rapport à la réalité du terrain. Comment y remédier ?
C. C. : Nous avons toujours un sentiment de frustration entre l’énergie déployée sur le terrain et l’objectif commun, qui se résume à mettre en protection ceux qui sont en danger, à scolariser l’ensemble des enfants et à les insérer comme jeunes adultes. Malheureusement, il y a régulièrement un décalage, surtout sur un territoire avec autant de défis, entre la volonté politique, l’argent et la réalisation ! Il ne faut pas perdre espoir, d’autant plus à Mayotte où nous notons de magnifiques initiatives, et surtout ne pas être impatient.
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.