Une réunion de médiation a été organisée hier sur place publique de Majicavo- Lamir puis à la mairie de Koungou.
Il y avait autour de la table des représentants religieux comme le cadi Inssa Ridjali, mais aussi des jeunes de Majicavo et de Kawéni. Ces derniers sont les initiateurs de la médiation.
Les choses sont allées trop loin. “Notre île est trop secouée” expose El-Mamouni dignitaire religieux.
Patrick Abdou, habitant de Majicavo Bandrajou, qui a vu sa voiture partir en flammes explique qu’il faut que ce soit les gens de Kawéni qui punissent un jeune du village qui ira fauter à Majicavo et vice-versa.
C’est un message “d’autoéducation, autoformation et autosurveillance” qui va être véhiculé. Un protocole d’accord été rédigé et signé par tous les intervenants ainsi que les maires de Koungou et de Mamoudzou.
Il y est stipulé l’arrêt immédiat des affrontements, la sécurisation des abords des établissements scolaires, la nécessité de trouver des solutions pour les victimes collatérales et des solutions viables vont être cherchées pour résoudre la montée de la violence. Le maire de Koungou, contrairement au maire de Mamoudzou, a déjà prévenu qu’il comptait porter plainte. Pour l’heure, l’enquête pour déterminer les coupables des débordements est en cours.
Actuellement, les forces de la gendarmerie et de la police nationale travaillent de concert pour les identifier. Dans la nuit de lundi, un jeune a été arrêté par des gendarmes avec un coupe-coupe, il a été interpellé et fera l’objet d’un rappel à la loi.
« On avait prévu de faire exploser Kawéni avec des gaz »
Mais la violence aurait pu monter un cran ce lundi soir entre Kawéni et Majicavo. En effet, du côté de Majicavo, les jeunes qui n’ont pas dormi de la nuit s’apprêtaient à aller exploser des bonbonnes de gaz à Kawéni.
Des explosions pour répondre aux pertes qu’ils ont enregistré à Majicavo Bandrajou.
C’est un spectacle de désolation que l’on observe dans ce quartier situé dans les hauteurs de Majicavo-Dubaï. Ici, il n’y a pas de lampadaire, les sentiers en terre battue et cabossés promettent un vrai chemin de croix en période de pluie. La plupart des maisons sont en tôles ondulées, les fameuses doubles-tôles comme on les appelle ici. Les habitants des lieux se plaignent des médias qui n’ont parlé que des préjudices subis par Kawéni alors qu’eux aussi ont touchés.
Les victimes des affrontements, ceux qui ont perdu leurs maisons, mais aussi leurs maigres biens et surtout leurs papiers d’identité – si difficilement acquis – ceux-là sont partis et ne sont pas prêts de revenir. Ils ont quitté les lieux depuis le drame.
Dans les décombres, on voit ici et là des carcasses de réfrigérateur, de gazinière, de matelas, des vêtements d’enfants, etc.
Les délinquants n’ont pas fait de quartier et ont décidé d’en découdre. Un jeune Kawénien explique cet excès de violence par “pur esprit de vengeance”. Même si ceux qu’ils attaquent n’ont rien à voir avec les violences qui ont eu lieu dans le stade et même si c’est juste des familles qui vivent déjà très difficilement.
Cependant, lui aussi veut la paix parce qu’il s’est rendu compte que c’est allé trop loin. À 18 ans, il a arrêté l’école en 6ème, actuellement il suit des cours de remise à niveau avec la mission locale. La plupart des jeunes sont dans des situations scolaires aussi difficiles.
D’autres plus jeunes, mineurs, scolarisés au collège de K1, souvent illettrés, tous semblent inconscients de la portée de leurs actes.
Majicavo et Kawéni pourraient être un même village pour quelqu’un qui ignore la géographie des lieux et pourtant, le combat pour le territoire anime ces bandes. Un protocole d’accord a été signé pour apaiser les esprits et permettre à la population de retrouver un semblant de vie normale, mais jusque quand ?
Kalathoumi Abdil-Hadi
Réaction du sénateur Thani Mohamed-Soilihi
Durant ces trois derniers jours, Mayotte a été le théâtre d’affrontements opposant supporters du FC Majicavo Koropa et de l’ASC Kawéni, à l’issue d’un match de football dont l’arbitrage était contesté par les jeunes gens de ces deux villages voisins.
Le sénateur de Mayotte, Thani Mohamed Soilihi, salue le travail effectué en coordination avec le préfet de Mayotte, Monsieur Seymour Morsy, et les maires de Koungou et de Mamoudzou, Messieurs Assani Saindou Bamcolo et Mohamed Majani, pour tenter de ramener le calme.
Le parlementaire se félicite que des renforts venus de la Réunion soient dépêchés pour soutenir, en tant que de besoin, l’action des forces de l’ordre sur place, et pour assurer notamment la sécurité autour des établissements scolaires comme il le préconisait.
Thani Mohamed Soilihi rappelle cependant que ces renforts sécuritaires ne doivent pas occulter une augmentation inquiétante de la violence au sein d’une jeunesse désoeuvrée et désespérée.
Aussi, demande-t-il la mise en place, sous l’impulsion du conseil général, de véritables mesures en faveur de la jeunesse à travers des actions de prévention, d’éducation populaire, d’animation et de formation professionnelle.
Pour ce faire, l’ensemble des autorités administratives compétentes pourra compter sur le soutien de l’État, de l’Europe et des acteurs associatifs.
Réaction de la préfecture
Après les affrontements entre bandes de jeunes qui ont pris place ce week-end et lundi, l’État condamne fermement les actes de violence.
À ce jour, l’action coordonnée de la gendarmerie et de la police ainsi que l’implication de tous les acteurs de proximité ont permis les conditions d’un retour au calme. Afin de rassurer les élèves, les parents d’élèves et les enseignants, les moyens seront renforcés aux abords des établissements scolaires.
Le préfet de Mayotte salue l’action des forces de l’ordre et des services de secours et d’incendie du conseil général qui ont fait face à des conditions difficiles.
Les maires de Mamoudzou et de Koungou se sont fortement impliqués sur le terrain, aux côtés des médiateurs. Les autorités religieuses, par leur appel au calme, ont contribué à l’apaisement de la situation. Le président du conseil général, les députés et sénateurs ont apporté leur soutien au processus de retour au calme.
Ce processus de concertation et d’action engagé en période de troubles, doit se poursuivre aujourd’hui pour construire, avec les jeunes de tous les villages de Mayotte, une l’ambition collective pour la jeunesse à Mayotte.
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