Solidarité laïque est un collectif qui regroupe 52 organisations françaises tournant autour de l’éducation et des problèmes éducatifs. Créé en 1956, le collectif se veut ni religieux, ni politique. Issu pour la plupart du monde associatif, les membres de Solidarité laïque sont souvent affiliés à l’éducation populaire comme la FCPE ou la Ligue de l’enseignement. Des mutuelles comme la MGEN ou encore des syndicats comme le SNUipp-FSU 976 sont aussi des acteurs de solidarité laïque à Mayotte.
Tous les projets du collectif sont soutenus par l’Agence Française d’aide au développement. Partout dans le monde, le collectif agit en faveur du développement de l’éducation. En Haïti, Solidarité laïque intervient sur la formation des enseignants et le parrainage d’enfants. Dans beaucoup de pays, les membres travaillent sur la petite enfance, sur la jeunesse, comme au Sri Lanka, en organisant l’enseignement maternel qui reste dans le cadre du privé. Le collectif a aussi pour vocation d’alerter les gouvernements comme c’est le cas au Sri Laka puisque grâce à leurs actions, les pouvoirs publics locaux devraient rendre l’école maternelle publique.
« Dans tous les pays, nous ne définissons pas les programmes, explique Michel Debon, le chargé de mission du collectif. Nous laissons cela aux locaux et ensuite nous discutons ensemble sur ce qu’il serait bien de mettre en place. Au Maroc, un programme concerté pluriacteurs vient de prendre fin après 12 de travail. Il avait pour objectif d’aider la jeunesse en reconnaissant notamment des droits à l’enfant. Nous avons des programmes en Afrique de l’Ouest et dans de nombreux autres pays en développement ».
Les membres travaillent également en faveur des plus défavorisés au niveau national en les aidant par exemple à partir en vacances. Cela fait 15 ans que la rentrée solidaire existe. La première action a eu lieu à Haïti en 2001, après le tremblement de terre qui a frappé l’île un an plus tôt. En 2002, après la chute des talibans, c’est l’Afghanistan qui a bénéficié de cette opération. Madagascar a pour sa part bénéficié deux fois de cette aide qui vise à collecter des fournitures scolaires. Même si ce n’est pas la première action en France, c’est la première fois que le programme « un cahier, un crayon » est offert à un territoire français.
Manque de matériel, d’équipement et de fournitures scolaires, l’île au lagon est le département qui connaît les plus grandes difficultés.
Il y a un an, Carole Coupez, déléguée aux actions d’Education au développement et à la solidarité internationale, s’est rendue à Mayotte afin d’effectuer un état des lieux de la situation des établissements scolaires de l’île. Face à la situation et aux réticences des directeurs d’école qui ont refusé sa venue alors même qu’elle possédait une autorisation de la part du ministère de l’Education nationale, elle a souhaité faire de Mayotte la prochaine bénéficiaire de cette rentrée solidaire.
Choquée par ce qu’elle a pu voir, elle a également tourné 5 clips afin de sensibiliser les acteurs éducatifs en métropole sur les difficultés rencontrées par les établissements scolaires mahorais. Manque de matériel, d’équipement et de fournitures scolaires, l’île au lagon est le département qui connaît les plus grandes difficultés. Sans faire de misérabilisme, les petits films ont été projetés dans les écoles. 800 enseignants volontaires ont alors œuvré pour collecter du matériel à destination de Mayotte.
« Nous voulons appuyer là où ça fait mal »
Les volontaires ont travaillé à partir des outils fournis par Solidarité laïque afin de mener à bien la collecte en métropole, mais aussi à La Réunion. Des collèges, des lycées ou encore des parents se sont mobilisés afin de faire don de matériel à des établissements mahorais souvent déficitaires pour ne pas dire dépourvus de fournitures de base. Si 200 enseignants de plus que les autres années se sont portés volontaires, la collecte a été moins fructueuse qu’à l’accoutumée. 47 m3 de dons ont été récoltés contre près de 75 m3 lors des précédentes opérations.
La MAE et la MAIF doivent bientôt récupérer le matériel afin de l’acheminer jusqu’à Niort où des personnes en situation de handicaps s’occuperont de la mise en carton avant l’envoi par containeur. « Nous voulons appuyer là où ça fait mal, explique le chargé de mission. Nous avons tendance à nous mêler de ce qui ne nous regarde pas comme se plaisent à le dire certains. Mais c’est justement notre rôle, et nous le faisons partout où c’est nécessaire. Nous sommes conscients que nous n’allons pas tout résoudre. Mais nous cherchons à alerter, à sensibiliser tous les acteurs administratifs et politiques. Nous sommes loin de l’éducation universelle de qualité promise pour 2015 sur l’ensemble du territoire français ».
Michel Debon a rendez-vous cette semaine avec les autorités administratives et politiques liées à l’éducation. Solidarité laïque a en effet besoin d’une autorisation administrative pour la venue du matériel. Il doit aussi parler de la question de l’octroi de mer qui, dans les autres pays, est souvent supprimer pour ce genre d’actions. Une première réunion a eu lieu lundi pour définir les priorités avec les organisations membres du collectif à Mayotte. Où mettre l’argent, comment compléter tant que faire se peut le containeur de 47 m3. L’argent doit-il être attribué à des suppléments de gommes, de stylos, de cahiers ou de ballons de football, de cours de natation ?
Mayotte possèdent 194 établissements scolaires qui accueillent 54 000 élèves. Conscient que le matériel ne sera pas suffisant pour tout le monde, Solidarité laïque doit faire des choix. Quelle distribution et pour qui ? Autant de priorités à définir avant l’envoi du matériel. La phase de concertation doit s’accélérer dans les prochains jours. D’ici 15 jours, tout devrait être acté. En août, Michel Debon doit revenir pour préparer les lots et superviser la distribution. Un coup de pouce bienvenu et qui en dit long sur la situation de Mayotte en ce qui concerne l’éducation.
Pierre Bellusci
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