Il s’agit d’une maison de la Société immobilière de Mayotte occupée par un ancien salarié. Selon le directeur de la Sim, Mahamoud Azihary, cet occupant réside « sans bail » dans la maison. L’autre conteste en expliquant qu’il paie un loyer mais que son paiement est refusé par la Sim. Un loyer fixé par la justice et calculé sur la valeur de 2007, selon nos informations, malgré la hausse des prix de l’immobilier.
Mais le fond de l’affaire n’est pas très intéressant en soi, puisqu’il n’est que la conséquence d’un différent entre deux personnes et des pouvoirs et relations que font jouer l’un et l’autre pour faire plier l’adversaire. Il s’agit pour eux d’instrumentaliser l’affaire pour faire reconnaitre leurs droits respectifs, auprès de leur communauté d’amis et de la justice.
C’est ainsi que la presse a été convoquée à grand renfort de caméras pour témoigner du caractère scandaleux, de l’occupation d’une maison sans bail d’un côté, et des « biais » utilisé par l’occupant pour se faire accorder un droit à l’occupation par l’intermédiaire de ses « relations personnelles ». Ainsi le ministère de la culture a signé, à la hâte dans la nuit de mercredi à jeudi, un papier classant la maison de la rue Saharangue comme patrimoine culturel de Mayotte.
Et de l’autre côté, on tente de faire valoir le caractère scandaleux d’une expulsion et de la destruction d’un bien immobilier de grande valeur, en raison d’une querelle personnelle entre deux hommes qui dégénère en règlement de comptes.
Pelleteuses, policiers journalistes, tout le monde est donc convoqué au petit matin mercredi pour un cirque médiatique qui arrange tout le monde, d’un côté le dirigeant de la Sim qui entend prouver que des personnes issues de certaines communautés sont « intouchables » à Mayotte et le geste du ministère tend à lui donner raison.
Et de l’autre les gesticulations d’un ancien salarié de la Sim qui se dit victime d’un conflit personnel, mais qui occupe à peu de frais une des plus belles places de Mamoudzou.
En définitive, il ne s’agit que d’une banale expulsion, même si elle résulte d’une querelle personnelle et qu’elle concerne des personnalités de Mayotte. Nul besoin de tout ce battage médiatique : la maison mérite certainement son classement au patrimoine culturel, auquel cas il n’est pas de l’intérêt de la Sim de détruire ce monument d’architecture. Et les parties doivent se plier aux décisions de justice, avis d’expulsion ou droit à la résidence de l’occupant avec un niveau de loyer qui reflète l’état du marché.
Adrien Theilleux
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