Les habitants de Mramadoudou dans la commune de Chirongui ont érigé un barrage sur la route départementale ce mardi 9 juin afin de faire entendre leur voix. Ils réclament des ralentisseurs suite à un énième accident impliquant un automobiliste et une petite fille. Cette action a porté ses fruits puisque des travaux sont prévus dans les prochains jours.
Ils ont été très matinaux. Les habitants de Mramadoudou n’ont quasiment pas dormi de la nuit. Dès 4h du matin, des poubelles et des grosses pierres jonchaient à l’entrée et à la sortie de la route départementale qui traverse le village. Les hommes et femmes très en colère réclament des ralentisseurs suite à un accident de la route le week-end dernier blessant une fillette âgée d’environ 6 ans. Cet accident est celui de trop pour les villageois qui estiment que la route en question favorise les comportements irresponsables des automobilistes. “Les gens font comme si c’était une autoroute. Ils roulent à 100 km/h en agglomération”, dénonce un manifestant. Une autre qui habite à quelques pas de là le confirme. “Ils roulent tellement vite que je le ressens de chez moi.” Ce barrage est la tentative de la dernière chance puisque leur revendication ne date pas d’aujourd’hui. Il y a déjà deux ans, les habitants ont fait part de leur demande au maire de Chirongui qui avait contacté le conseil départemental, mais aucune action concrète n’a été réalisée. “Nous avions déjà fait la demande, la route devait être aménagée depuis 2019, mais force est de constater que ce n’est toujours pas le cas”, déplore Adinani Mahamouda, porte-parole des habitants de Mramadoudou. Propos confirmés par le maire de Chirongui qui indique que depuis qu’elle est à la tête de la mairie, c’est la troisième fois que les habitants réclament des ralentisseurs.
Contrairement à ce que tout le monde prévoyait, aucun débordement n’a été constaté pendant les quelques heures où les habitants ont bloqué la route. Les leaders ont mis un point d’honneur à donner le bon exemple. “On ne veut pas faire comme à Kahani et mettre le feu. On fait les choses calmement, car nous ne sommes pas violents”, déclare l’un d’eux. En effet, les policiers municipaux et les gendarmes postés à quelques mètres de là n’ont pas eu à intervenir. Les véhicules prioritaires à l’exemple des ambulances, ou ceux des professionnels de santé ont été autorisés à passer sans problème. “Ce mouvement a été bien géré. Il n’y a pas eu de débordement, ça a été une action très pacifique et responsable. Je ne peux que saluer le comportement de ces grévistes qui sont un modèle”, félicite Roukia Lahadji, maire de Chirongui.
Un compromis qui ne peut échouer
Si certains doutaient de l’efficacité du blocage de route pour se faire entendre, les habitants de Mramadoudou ont su tirer leur épingle du jeu. Des négociations ont été entreprises très rapidement entre la délégation des manifestants, deux représentants du conseil départemental, le maire de Chirongui et la DEAL. Dès le début, les habitants ont été catégoriques. Ils ont imposé la date du 15 juin pour débuter les travaux d’installation les ralentisseurs. Cependant, cette date n’a pas fait l’unanimité. “Nous avons proposé de débuter les travaux le 22 juin pour une livraison le 29 juin, mais ils ont refusé. Nous avons donc dû négocier avec Colas”, explique Insya Daoudou, conseillère départementale du canton de Sada et Chirongui. Le calendrier de l’entreprise ne permettait pas d’honorer la date exigée par les manifestants. Mais face au refus catégorique de ces derniers d’obtempérer, et l’implication du maire qui a insisté, la société Colas a chamboulé son agenda pour débuter les travaux le 15 juin. Il ne faut cependant pas crier victoire trop vite, car rien n’est gagné d’avance. “C’est une date provisoire. . Il faut d’abord faire le devis et évaluer l’endroit. Nous devons ensuite demander formellement à la DEAL qui est notre interlocuteur avec Colas de mandater l’entreprise pour le chantier. C’est pour cela qu’on proposait le 22 juin afin d’avoir le temps de faire toutes les démarches, mais Colas nous dit que ça sera possible”, tempère la représentante du conseil départemental. Les habitants ont levé le barrage aussitôt que les négociations ont pris fin en milieu de matinée. Ils restent cependant sur leur garde et menacent de réitérer leur action si les travaux ne débutent pas le 15 juin comme prévu.
Les habitants ont également négocié les transports scolaires pour les lycéens et collégiens de Mramadoudou qui doivent traverser la route nationale et départementale à pied pour aller dans les établissements qui se trouvent à Tsimkoura. Une réunion est prévue le 17 juin afin de solutionner cette autre revendication.
Sécuriser les routes départementales : le nouveau projet du conseil départemental
Une étude a été lancée par le conseil départemental il y a deux mois. L’objectif est de sécuriser toutes les routes départementales qui traversent les agglomérations en installant des ralentisseurs, des panneaux de signalisation, ou en faisant des trottoirs. Au total, neuf agglomérations seront concernées. La date de livraison de l’étude est prévue dans deux mois selon la conseillère départementale du canton de Sada et Chirongui, mais “pour la faisabilité on n’y est pas encore. Je pense qu’on en a pour un à deux ans”.
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