Taubira face aux difficultés de la justice à Mayotte

C’est une visite ô combien attendue dans le milieu judiciaire. La Garde des Sceaux est arrivée hier dans la journée sur le territoire. Après une rencontre avec les élus en Petite-Terre – une séquence sans la presse — mais qui a été appréciée par les élus locaux.
Les élus voient surtout en elle ses origines guyanaises, une Ultramarine, donc compréhensive à l’égard des problèmes mahorais.
Pour le sénateur Abdourahamane Soilihi, “le fait qu’elle soit venue lui permet de se rendre compte des problèmes de Mayotte notamment l’insécurité, l’immigration clandestine. Ces sont les mêmes problèmes qu’en Guyane”.

La justice à Mayotte accuse beaucoup de problèmes notamment un manque de personnel considérable. Aujourd’hui, quatre postes de magistrats sont à pourvoir, car il reste quand même difficile d’attirer les juges sur ce territoire.

La ministre a – murmure-t-on – pris en compte cette doléance et devrait sortir des mesures pour encourager les magistrats à venir à Mayotte, soit en corrigeant l’image négative de l’île auprès des magistrats, soit en encourageant les jeunes magistrats, sortis d’école à venir en groupe ici pour pallier ce manque d’effectif.

Actuellement, les abords du tribunal n’ont plus l’air d’une forêt vierge, parce que les pelleteuses sont déjà passées. Prochainement les premiers coups de pelles devraient être donnés pour le démarrage du nouveau chantier, pour une véritable cité judiciaire. Les travaux dureront jusqu’en 2016.

La ministre a rencontré les magistrats pour une réunion de travail et devrait aujourd’hui s’entretenir avec le bâtonnier Mohamed Saidal, à la maison d’arrêt de Majicavo. L’avocat compte – lui aussi – faire part des problèmes d’effectif à tous les niveaux que rencontre la justice et par conséquent les justiciables dans l’île. “Il y a trois ans de cela” se souvient l’avocat, “on a mis des moyens, mais aujourd’hui, il faudrait renforcer” appuie-t-il.
Les avocats se plaignent également du tarif de l’aide juridictionnelle, “avec un taux trop bas par rapport au taux pratiqué dans d’autres départements. Aujourd’hui c’est 23 euros par unité de valeur alors que c’est le double ailleurs”, assure le bâtonnier. Sur une île où la moitié des gens ont recours à l’aide juridictionnelle, les 28 avocats du barreau se sentent lésés et comptent le faire savoir.

Christiane Taubira a pu se rendre compte de l’exiguïté du tribunal, de son manque d’espace et de moyen en voyant l’attroupement des justiciables, sous le soleil, depuis tôt le matin, quand ils ne dorment pas sur place, pour être reçus afin de régulariser leur situation.
Pour le syndicat C-Justice : “il faut que le tribunal change pour recevoir les justiciables”. “Aujourd’hui les toilettes sont fermées, il n’y a pas d’eau pour les gens, etc.”, explique leur déléguée syndicale.

Elle voudrait “des mesures qui ne désertifient pas Mayotte et que les collègues Mahorais retrouvent leur dignité” plaident-elles.

Kalathoumi Abdil-Hadi

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