{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}e constat est là, dramatique, répété à l’envi : les mises sous tutelle des collectivités locales, les graves problèmes de trésorerie des entreprises, le chômage massif, les manifestations récurrentes, l’habitat insalubre, l’illettrisme, les échecs scolaires…
Il est facile de lister, de constater, de s’en gausser ou de le regretter. Mais aujourd’hui, le temps de la réaction doit venir. Il faut des actes symboliques, et du concret, du solide. Il faut prendre un dossier sous le bras, le défendre ici, à Paris, à Bruxelles, et revenir avec du concret, un accord signé, un décret d’application, un financement exceptionnel à la mesure de la situation.
Je pense qu’il faut aussi, ici, être propre, clair, honnête. Il faut arrêter de mentir, de se mentir. Il faut constituer des équipes compétentes, efficaces, dynamiques, et leur faire confiance. Il faut arrêter de penser à des élections ou des réélections. Il faut penser à Mayotte. Il faut réorganiser les équipes et arrêter de le dire. Il faut dire la vérité à chacun et remplacer en urgence ceux qui ne remplissent pas leurs missions.
Il faut pour cela réussir une transition en douceur entre les « anciens », grâce à qui nous sommes là aujourd’hui, et leur faire comprendre que les enjeux sont maintenant beaucoup plus complexes, techniques. Il faut avoir le courage, l’intelligence de se mettre en retrait au profit d’un directeur adjoint, opérationnel, capable d’appréhender ces nouveaux enjeux. Il faut oser faire appel aux compétences, aux expertises extérieures qui nous manquent.
Il faut aider tous ces salariés, inutilisés dans les administrations locales, à trouver leur place pour demain. Se former pour servir dans six mois ou un an, partir en préretraite, ou se lancer dans le privé avec un soutien, un accompagnement. Les pistes ne manquent pas. Il faut consommer en priorité les produits locaux, travailler avec les entreprises locales.
Sortir de ces bonnes résolutions pour entrer dans le concret. C’est ce que nous continuons à essayer de faire, en mettant autour de la même table des représentants des principaux acteurs du territoire (Une et Mayotte éco). C’est ce que nous relayons avec cette campagne valorisant les produits locaux, associant de manière encourageante les services de l’Etat, de la Collectivité et les professionnels (lire page 3). C’est peut-être cette dynamique qui doit être activée.
Voir ce que chacun peut apporter, ce qu’il attend des autres, dans des relations saines, constructives, de confiance, dans un intérêt commun. Il est temps d’activer les différents leviers permettant de remettre les machines en route. Ainsi, peut-être, sûrement, l’espoir pourra revenir, car c’est ce qui manque le plus ces derniers mois.

 

Laurent Canavate