Au premier plan de cette fronde, le Collectif des citoyens de Mtsapéré, excédés par les vols à répétition, ces derniers ont décidé d’organiser des tours de garde et des veilles pour alerter les gens du village de Mtsapéré et jusqu’à Kavani. L’idée est aussi d’aller à la rencontre des jeunes, d’empêcher que des mineurs, parfois très jeunes restent tard dehors et sans surveillance la nuit.
En effet, pour “Tostao”, agent municipal, la surveillance des “points chauds” par les habitants est nécessaire, de même il trouve inacceptable de trouver “des enfants de 6 ou 7 ans dehors après 22h”, un problème qui demanderait l’instauration d’un “couvre-feu pour les mineurs” passé une certaine heure. Toutefois ce collectif citoyen s’appuie en grande partie sur l’opposition politique et sur Mtsapéré, village frustré de ne pas avoir obtenu le siège de 1er édile comme ce fut si souvent le cas.
Le procureur Joël Garrigue a pour sa part expliqué que, “pour qu’un mineur soit condamné, il faut des éléments de preuve avec dépôt de plainte”. Par ailleurs la solution pénale est adaptée à chaque cas, “on ne fait pas de prêt-à-porter avec les mineurs” a-t-il riposté pour se justifier.
A l’occasion de la visite de la Garde des sceaux, Christiane Taubira, le jeudi 16 octobre, il compte faire remonter les observations du CLSPD pour la quatrième ville la plus cambriolée de France en 2013.
Mohamed Ibrahim, dit “Sorcier”, qui fait parti du collectif citoyen de Mtsapéré croit savoir cependant que ce n’est pas la première fois qu’on identifie des personnes, qu’on porte plainte contre elles et qu’elles sont pourtant relâchées.
Lui-même témoigne avoir été menacé par des délinquants en dépit et à cause du dépôt de plainte à leur encontre. Il n’en démord pas, les citoyens attendent “des garanties contre les représailles des bandes”.
La réponse judiciaire est en effet sous-dimensionnée. Avec 15 à 30 places en centre de détention, 12 en foyer d’accueil et 24 en familles d’accueil, les options judiciaires pour les mineurs restent très limitées. On parle de mettre en place des travaux d’intérêts généraux, une mesure déjà appliquée, mais très loin d’être généralisée et qui plait à l’ensemble des participants. Oui, mais avec quels moyens et pour quel objectif ?
Les proviseurs et principaux des établissements du 2nd degrés, qui sont en première ligne de la lutte contre la délinquance sont alors sortis du bois : A Doujani, explique Cyprien Piroud, le principal du collège, on a déposé entre 25 et 30 plaintes au commissariat pour des vols depuis la rentrée scolaire !” Une situation qui s’est stabilisée depuis une semaine grâce à l’action du collectif de citoyen.
Le principal du Lycée professionnel de Kawéni réclame, lui la disparition d’un tas de terre à proximité de l’établissement, lieu propice aux agressions. Malgré un engagement de l’élu municipal responsable, il s’emporte “vous êtes de mauvaise foi !” Enfin, la charge la plus lourde est venue du principal de Passamaïnty, un établissement de 1 900 élèves pour 114 professeurs qui est revenu au calme en 2013 après plusieurs années de violence.
Le principal met cela sur le compte de “l’usure du personnel éducatif et du réseau associatif », “on est sur le fil du rasoir”, prévient-il. Si la violence a été jugulée en 2 ans, l’épuisement des personnels (le turnover des enseignants est de 50 % par an) et l’arrivée en fin de contrats des médiateurs en Contrats uniques d’insertion pourraient sonner le glas de cette “pax romana”.
La mairie s’est engagée à faire le maximum, à assurer une présence de médiateurs aux abords des établissements, à mieux accompagner le tissu associatif, à développer et entretenir l’éclairage public. La préfecture par la voix de Mme Espécier, compte aussi mettre sur la table quelques moyens 63.000 euros dans le cadre de la lutte contre la délinquance, perfectionner le recrutement et la formation des médiateurs en CUI, confronté à un problème de “profil des candidats”.
Adrien Theilleux
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