Le titre pour lequel Saandati a reçu son prix se nomme « M’trou mama karemoi » ce qui se signifie en shimaoré « On ne tape pas une femme ». Saandati est, en effet, une chanteuse engagée et son premier album est entièrement dédié à la lutte contre les violences faites aux femmes. Le second, en revanche, est une déclaration d’amour, ce qui ne l’empêche pas pour autant de dénoncer certains faits de société éloquents.
La cérémonie de remise de trophée s’est déroulée dans le théâtre Vladimir Canter situé au campus universitaire de la Réunion au Moufia. Elle n’a pas été filmée en direct, mais a été retransmise sur la plupart des chaînes de télévision de l’Océan Indien. Mayotte 1ère préfère, quant à elle, attendre la soirée du 31 décembre pour diffuser l’émission.
Une quinzaine de chanteurs et chanteuses venus de tout l’Océan Indien étaient présents ce soir-là, même si les artistes réunionnais étaient majoritaires. Saandati était victime d’un énorme trac car elle avait peur que la musique mahoraise ne soit guère appréciée au-delà des frontières de notre île. Pourtant, le déroulement de la cérémonie lui a démontré qu’elle s’était totalement trompée puisque c’est elle qui a reçu le trophée pour une chanson dont le rythme et la mélodie s’inspire des musiques traditionnelles mahoraises.
« A ma grande surprise, les réunionnais ont adoré ma musique! La cérémonie a été extrêmement émouvante ! J’étais si touchée de recevoir ce prix que j’ai même eu du mal à parler pour remercier mes partenaires… » raconte la jeune chanteuse, ravie du déroulement de la soirée. Les thématiques qu’elle aborde dans son œuvre sont, en effet, universelles et de nombreuses femmes réunionnaises sont venues la remercier à la fin de la soirée pour la dénonciation qu’elle fait des violences faites aux femmes.
En revanche, sa participation au festival de M’tsahara dont Tiken Jah Fakoly était la tête d’affiche, l’a beaucoup moins enthousiasmée: « Ce festival a souffert d’énormes problèmes d’organisation! J’étais vraiment mécontente! Nous, artistes locaux, devions passer à l’origine avant Tiken Jah Fakoly et, finalement, le concert a commencé si tard que nous avons été obligé de passer après. Je suis montée sur scène à 2 heures du matin! Au lieu de faire la balance à 15h comme cela aurait dû être le cas, les organisateurs l’ont faite à 20h! Je suis absolument outrée par ce manque de professionnalisme! En plus, aucun échange n’a été possible entre les artistes locaux et Tiken Jah Fakoly ce qui est vraiment dommage car la musique, c’est avant tout un partage et ce festival aurait pu être pour nous l’occasion d’apprendre beaucoup de choses! Malheureusement, il n’a visiblement pas été organisé autour de ce principe! »
Malgré sa déconvenue face à l’organisation du festival, celui-ci a néanmoins été l’occasion pour Saandati d’envoûter une nouvelle fois le public de sa voix magnifique.
Nora Godeau
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