Route barrée à Kangani : une colère de longue date et de nouvelles promesses

Ce mercredi 12 août, les habitants de Kangani ont érigé un barrage sur la route nationale. Ils estiment que les camions qui partent de la carrière du village et qui y entrent sont dangereux pour les villageois, et plus particulièrement pour les enfants qui vont à l’école. La population exige le contournement de cette route, mais leur combat est loin d’être gagné.

Les automobilistes qui ont voulu emprunter la route nationale à Kangani ce mercredi 12 août, se sont retrouvés face un barrage constitué de pneus, de poubelles, de bois et cartons. Dès 7h du matin, les villageois ont barré le tronçon de route qui mène à la carrière IBS (rue Dachéry) ainsi que la nationale. Ils dénoncent le trafic routier dense causé par les poids-lourds qui entrent et sortent de la carrière de Kangani. Ces véhicules seraient dangereux, particulièrement pour les enfants qui vont à l’école. En effet, aucune signalisation n’indique le passage d’enfants ou l’existence de l’école maternelle et primaire. Le collectif des habitants de Kangani a donc décidé de se faire entendre en mettant à l’écrit 10 revendications qui ont été soumises à la mairie de Koungou, la préfecture, et le conseil départemental lors d’une réunion de négociations. Le contournement de la route d’accès à la carrière est le point principal, et ce n’est pas la première fois que les habitants de Kangani la réclament. « Nous sommes très inquiets par ce que nous avons entendu dans cette réunion. On a découvert qu’après 33 barrages sur 25 ans, aucune solution n’a été envisagée pour le contournement de cette route. Aujourd’hui, on part sur un petit projet d’une étude de faisabilité qui existerait depuis 2007, mais l’État dit ignorer l’existence de cette étude, seule la société exploitante aurait des éléments », indique Ibrahim Mroivili, représentant du collectif des habitants de Kangani. La mairie de Koungou s’engage en effet à porter un projet d’étude avec l’État, le conseil départemental et IBS « afin de présenter au plus tôt une faisabilité technique et un coût prévisionnel du projet de contournement. » Aucun délai n’a été défini si ce n’est le compte rendu tous les 15 jours, par la mairie. Et si les habitants et la société IBS semblent avoir une idée du passage de cette nouvelle route (elle passerait derrière la carrière jusqu’à l’hôtel Trévani), la mairie de Koungou est quelque peu perdue. « Je ne sais pas du tout où pourrait se faire cette route de contournement. Ils parlent d’un projet que je n’ai jamais vu. Je vais mettre en place un bureau d’étude réactif pour regarder toutes les possibilités et choisir la plus pertinente », déclare Alain Manteau, DGS de la mairie de Koungou.

Le collectif des habitants de Kangani, exige également un arrêté interdisant le passage de camions dès que la nouvelle route sera ouverte, des panneaux de signalisation indiquant les écoles, une limitation de vitesse à 20km/h, ou encore des dos d’ânes sur la route d’accès à la carrière (liste non exhaustive). Des revendications auxquelles les différentes autorités présentes à la réunion ont répondu favorablement dans l’ensemble. « La signalisation et les coussins berlinois (ralentisseurs en plastique) seront installés sous deux semaines en fonction des disponibilités », annonce Alain Manteau.

IBS rejette la faute sur VINCI et la préfecture

De son côté, la société IBS, qui est installée à la carrière de Kangani depuis 25 ans, estime que la préfecture n’aurait pas dû autoriser Vinci à circuler sur cette route nationale. « On a essayé de parler avec les villageois plusieurs fois. On a négocié avec eux en finançant les écoles, en donnant des cadeaux et en sponsorisant l’équipe de football, mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est le fait que la préfecture a autorisé Vinci à passer par le village alors qu’il y a déjà trop de passages. Entre la poussière, le bruit, les enfants qui vont à l’école, ça va être la guerre et on va finir par tuer quelqu’un », s’indigne Théophane Narayanin, PDG de la société IBS. Ce dernier nous indique que sa société assure à elle seule en moyenne 900 passages par jour, allers et retours compris. Il affirme également que cela fait 15 ans que l’État, la mairie de Koungou, le conseil général puis départemental, et IBS doivent participer à la création d’une nouvelle route, mais l’arrivée de Vinci a changé la donne. « Lorsqu’en 2015 Vinci a racheté 25 hectares de terrains, nous avons décidé de ne rien faire parce qu’ils doivent aussi contribuer à cette nouvelle route. IBS seul ne peut pas le faire. Et j’ai honte parce qu’on a tous menti à la population », avoue Théophane Narayanin. Il leur reste encore le temps de l’étude pour se mettre d’accord, mais IBS souhaite qu’une solution soit rapidement trouvée puisqu’une journée de blocage comme celle-ci leur coûte entre 150.000 euros et 170.000 euros de perte du chiffre d’affaires. Un barrage qui coûte finalement très cher.

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