Education : Rentrée scolaire - "Familles de Mayotte" au secours des redoublants

 

{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap}lors que les élèves achèvent leur première semaine de cours, « plus d’une centaine » de redoublants non inscrits pour l’année scolaire 2010/2011 recherchent encore un établissement. Pour l’association Famille de Mayotte, qui depuis quatre ans accompagne au quotidien les familles dans les démarches de la vie courante, le problème est alarmant : « laisser ces enfants sans école, et donc à la maison ou dans la rue, c’est créer délibérément un système de délinquance. Ils sont exposés au danger et cela risque de nous dépasser dans quelques temps », s’inquiète Badria Madi, présidente de l’association.

64 jeunes ont répondu au communiqué de Familles de Mayotte, qui appelait au rassemblement le week-end dernier sur la capitale. Sur place, tous ont fait part de la difficulté à se réinscrire. Certains n’oublieront pas les réponses expéditives des lycées suite à leur initiative. « Lorsque j’ai démarché à Kawéni, la secrétaire m’a carrément lâché : « vous n’aviez qu’à avoir votre bac ! ». » Un autre disait qu’on lui a conseillé ironiquement d’abandonner l’école et de tenter le GSMA… « Comme si notre échec ne nous suffisait pas », déplore une élève présente le jour du rassemblement.

Toute la matinée de samedi, les membres de l’association ont relevé ces différents témoignages avant de récupérer les lettres de motivation et pour certains les bulletins scolaires présentés aux établissements scolaires pour leur réinscription. Avec ces éléments en mains, elle compte se rapprocher du vice-rectorat et du conseil général pour trouver des solutions au plus vite.

 

« Tout le monde sait. Ils doivent faire des chiffres, ils se soucient donc de la quantité au détriment de la qualité »

 

« J’espère que l’Etat et la Collectivité prendront leurs responsabilités face à ce problème », estime Badria Madi. Elle argumente : « le système qu’ils ont créé et qu’ils maintiennent est la cause principale de l’échec de nos élèves, que ce soit avant ou après le bac. Tout le monde sait comment ça fonctionne. Ils doivent faire des chiffres, ils se soucient donc de la quantité au détriment de la qualité. Beaucoup d’élèves passent en classe supérieure malgré leur niveau moyen, voire faible ou très faible même. Ce système se fait ressentir à la fin du cycle scolaire, à l’aube des examens, et bien sûr il est trop tard. Ils veulent scolariser tout le monde, mais pour avoir quoi au final ? ».

Le délégué des parents au lycée de Kahani, Chebani Allaoui n’en pense pas moins : « Un enfant qui mérite de redoubler doit redoubler », se positionne-t-il, « mais ici, on le fait passer. On croît lui faire gagner du temps, mais bien au contraire. Et les parents sont contents car leur fils ou leur fille monte de classe (…) Ce système doit s’arrêter car ça nuit fortement à l’éducation scolaire de nos enfants ».

Des résultats sont tout de même à notifier suite peut-être à ce début de mouvement. D’une part le vice-recteur a promis lundi dernier que les lycéens ayant raté leur bac pour la première fois auront une place dès ce vendredi, et d’autre part une seconde classe de sciences et technologies a été créée à Kahani. Les 14 lycéens qui avaient échoué dans cette option au bac l’été dernier (sur 30 élèves, soit près de 50%) ont donc repris le chemin des cours. Seulement, des dizaines d’autres redoublants restent sans école à ce jour. Des redoublants en terminale, en Bep, en Cap, au collège… Tous attendent sans vraiment savoir quoi faire.

L’association Familles de Mayotte assure qu’elle n’abandonnera pas le combat jusqu’à ce que tous, sans exception, puissent avoir une situation acceptable.

 

Ichirac Mahafidhou