Au cours de cette rencontre des ateliers été organisés, notamment pour débattre des problèmes de braconnage, de dégradation des sites et d’insécurité, sans oublier de réfléchir à des solutions durables.
Le Conservatoire du littoral qui couvre un peu moins de 2 000 ha de surface a dressé un bilan quelque peu négatif sur l’état des sites qu’elle gère depuis 9 ans. Ce constat a démarré avec la conclusion rendu par l’atelier « conservation des milieux ». Dans la conclusion exposée par la co-animatrice de cet atelier, Catherine Latreille, deux thèmes ont été abordés. Le premier concerne la protection des tortues marines. La question était de savoir si la situation était meilleure en 2006 en 2015? « Oui ». La réponse du conservatoire est sans appel. Les participants se sont concentrés sur le site de Saziley. Ils se sont accordés pour dire que l’image d’excellence du site s’est dégradée au fil des années. En cause le braconnage et les agressions de randonneurs. « Contre la chasse à la tortue, avant la prévention était axée autour de l’idée que sa viande est mauvaise pour la santé, à présent nous essayons de sensibiliser les jeunes sur la protection de ces animaux », explique Catherine Latreille. Le braconnage a augmenté, constate le conservatoire, et les conditions des gardes présents sur le site ont empiré comme en témoigne les agressions ou le saccage de la maison des gardes.
« Créer une antenne de gendarmerie à proximité de Saziley »
Les solutions seraient donc, de « reprendre le terrain », créer une antenne de gendarmerie à proximité du site. Le conservatoire recommande aussi une présence plus permanente sur la plage avec l’implication de structures extérieures comme les associations. Mettre l’accent encore plus sur les campagnes de sensibilisation a aussi été évoquée. Les travaux d’insertion peuvent être une solution. L’idée de commissionner et armer les agents du conseil départemental a aussi été mise sur la table, à l’image de « rangers ».
L’autre thème abordé durant cet atelier « conservation des milieux » concernait la reconquête des habitats terrestres. L’agriculture a été identifiée comme l’activité ayant le plus d’impact sur la qualité des milieux terrestres. « L’agriculture s’est encore plus développé en 2011 au moment de la grève de la vie chère durant laquelle des Mahorais ont cultivé leur lopin de terre pour compenser la pénurie et aujourd’hui ces habitudes ont persisté », résumait Catherine Latreille. Le développement de cette activité serait aussi le signe d’un marquage foncier. Les gens étant dans l’incertitude quant à l’avenir, certains s’installent sur des terrains pour les exploiter.
« Il faut plus de contrôle dans les champs »
L’idée serait donc d’accompagner les professionnels du secteur avec les nouveaux outils du programme de développement rural. Il faudrait selon le conservatoire, créer des structures intermédiaires pour structurer la filière. La répression est aussi indispensable selon les participants de l’atelier. « Il faut plus de contrôle dans les champs », affirment-ils. La pression agricole était aussi l’objet de discussion dans les autres ateliers. « Il est nécessaire de juguler les agriculteurs non-conventionnés et aider au contraire ceux qui le sont », insiste Cris Kordjee responsable de l’antenne du conservatoire de Mayotte.
Dans le cadre de l’atelier portant sur l’accueil des publics dans ses sites, le conservatoire a suggéré de ne pas ouvrir les sites tout azimut pour assurer une bonne conservation. Mais c’est aussi durant cette table ronde que l’idée d’instaurer une politique tarifaire autour des sites soit mise en place en développant des prestations. « Attention, il ne s’agit pas de rendre l’accès aux sites payants mais de proposer des services par le biais de prestataires », argumente Kris Kordjee. En effet, la demande est très forte pour Saziley par exemple, quant à la volonté d’assister à des pontes de tortues. Cette politique tarifaire éviterait de devoir privatiser les sites selon le conservatoire.
Revaloriser le label de Saziley ?
Enfin, dans l’atelier concernant l’accueil des publics l’amélioration dans ce domaine semble indispensable selon les acteurs. Ils suggèrent d’élaborer une étude sur les attentes du public pour pouvoir mieux y répondre. La signalisation et panneaux doivent aussi être embellis et la délimitation de zones de bivouacs nécessaires pour déranger le moins possibles les tortues. Le conservatoire s’est aussi rendu compte que des compétitions sportives comme des trails ou des courses de Kayak se déroulaient parfois sur ses sites sans parfois en être au courant. « Il faut ouvrir les sites mais pas tout le temps, on peut limiter l’accès avec des barrières », évoque Raïma Fadhul. Le label de Saziley doit il aussi être revalorisé? Pour assurer un meilleur entretien du site, les participants de l’atelier sont tombés d’accord. L’idée de transformer la maison des gardes en musée a aussi été lancée. Chaque site ayant sa spécificité, le fait de trouver un gestionnaire adapté pour chacun d’entre eux a été évoqué. L’îlot M’Tsamboro a clôturé les dernières recommandations générales. Selon le conservatoire, le site doit faire l’objet d’un rétablissement d’un Etat de droit, la pression sur le territoire en question étant trop importante.
Les solutions et idées sont là pour améliorer la conservation des sites protégés mais le chemin est long et reste à savoir si le conseil départemental, qui dit avoir entendu les inquiétudes et les propositions, répondra favorablement aux doléances du conservatoire.
GD
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