{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap} comme association. Très vite, il devient lui-même chroniqueur de l’émission de slam à la radio. L’idée vient alors de créer un réseau de slameurs, d’aller à la rencontre des jeunes et de proposer à ces derniers de slamer en public : le projet « Slam Aleikoum » est né. Pythagore est choisi pour être président et « slam master », l’animateur qui met l’ambiance dans ces rencontres. Pendant deux mois, durant cet été, Slam Aleikoum organise des « combats de slam », des concours dans les bibliothèques, les brochettis dans des villes, des villages, des quartiers de l’île. Les jeunes viennent lire leur texte en public et un jury, choisi au hasard dans le public, est chargé d’élire le meilleur slameur de la soirée. Huit clubs sont alors créés comptant vingt adhérents chacun. Dans chaque lieu, une personne est choisie pour développer localement le slam. Une véritable organisation.
Lors de ses déplacements, Pythagore emporte toujours avec lui une valise, « la valise slam », une boite en métal de 20 cm qui contient les textes de slam et des fiches techniques. Il avoue que les débuts étaient difficiles : « Lorsque j’étais à Tsingoni, je rencontre un jeune et je lui demande s’il veut écrire un slam. Il répond qu’il ne s’intéresse pas à cela. Je lui propose de venir dans nos réunions. Je lui ai dit : « Tu n’es pas obligé de rester, pas obligé d’écrire. Viens et tu verras ». Il est venu et depuis, il est devenu le représentant slam de Tsingoni ».
« Avec le slam, j’ai appris à m‘échapper de ma prison. »
R comme révolte. Pythagore est aussi un personnage. Son physique imposant cache en réalité une personne sensible presque réservée. Rien à voir avec l’animateur des soirées slam : « c’est vrai je suis réservé. Plus jeune, je me réfugiais dans les mathématiques, un peu pour fuir quelque chose. Avec le slam, j’ai appris à m‘échapper de ma prison. Le slam m‘a libéré. Il me permet de parler de tout, même des sujets interdits ». Le slam est aussi une manière de crier sa colère autrement : « Ce qui m’énerve c’est d’entendre tout ce qu’on dit sur les jeunes. On les associe à la violence, à tous nos problèmes. C’est faux ! Et le slam est la preuve que ces jeunes ont d’autres préoccupations que la bagarre. Beaucoup parlent d’amour par exemple. En réalité, beaucoup de jeunes ne demandent qu’à s’exprimer. Mais ce n’est pas tout le monde qui a la chance d’être écrivain, de donner son avis ».
T comme thèmes. Pythagore comme tout les clameurs ont des thèmes, des sujets de slam favoris : « J’écris beaucoup de slam sur l’amour, sur l’esclavage et mes racines africaines ». Il y a trois ans, Pythagore part au Rwanda et découvre la culture des Hautes Vallées de l’Afrique, le berceau de l’Humanité : « J’ai pu ressentir cette culture africaine et les liens avec mon île. C’est de là que viennent certaines de nos croyances traditionnelles. Je ne fais d’ailleurs pas de différence entre les Noirs africains et les Noirs à Mayotte. Ce sont tous les mêmes hommes. Je n’aime pas la façon dont certains traitent les réfugiés africains à Mayotte ».
« Pour moi le slam c’est le PARTAGE ».
A comme aventure. Les rencontres qu’organise Slam Aleikoum ne s’arrêtent pas là : « Mon but c’est que le slam soit reconnu ». La formation signe des partenariats avec d’autres associations telles que les Enfants de la Lune et l’ADSM. Elle s’implique aussi dans la prévention contre le SIDA avec des opérations comme « Un slam dit, une capote offerte ». Ils ont aussi une ligne téléphonique et un blog*, et compte bien investir les cours de l’école : « on essaie de rentrer en contact avec les professeurs de français dans les écoles pour développer le concept »
G comme groupe : « Je suis le président mais en réalité nous sommes un groupe. On est aujourd’hui 400 adhérents. Notre mouvement se veut même international ». Slam Aleikoum a déjà des contacts avec Madagascar et la Réunion.
E comme expression. Le slam est avant tout un moyen de s’exprimer, de communiquer : « Contrairement à ce que l’on pense, le slam ne demande aucun effort d’orthographe. Quand j’écris, je ne fais pas attention. L’histoire, tu l’inventes dans la tête. Du moment que tu sais parler, tu es slameur. Tu peux le dire en français ou en shimaoré. Tu peux avoir six ou soixante ans, mais tu auras toujours quelques choses à dire, à raconter. Pour moi le slam c’est le PARTAGE ».
Malika Ziane
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