Ce matin les salles de classes du collège kawénien vont sonner creux. Des professeurs ont décidé de ne pas exercer pendant toute la matinée à partir de 7h après le énième incident qui s’est produit hier dans l’enceinte. Une enseignante a été victime d’une agression de la part d’un élève avant-hier avant qu’un autre membre du personnel soit victime de jets de pierre. Hier, ce même élève a récidivé selon le corps enseignant, en agressant physiquement deux surveillants. La direction a décidé de fermer dans la foulée, les portes de l’école. S’en est suivi une assemblée générale où près de 70 personnes étaient présentes.
Le collège a recensé à ce jour, une quinzaine d’agressions physiques envers les personnels du Collège K1. « L’exaspération et la colère des personnels sont fortes » disent-ils dans leur communiqué diffusé hier.
Un établissement obsolète et surpeuplé
Les enseignants déplorent l’augmentation constante des violences physiques et verbales. Selon, eux, l’établissement concentre les difficultés sociales et matérielles. Les problèmes d’une partie de la jeunesse et du quartier à savoir la drogue, l’absence des parents ou encore la pauvreté viennent se greffer aux lourdes difficultés scolaires et d’apprentissage (illettrisme, faiblesse des résultats scolaires…) présentes au quotidien.
L’autre question qui se pose concerne l’aspect caduc des bâtiments de Kaweni 1 par rapport en l’occurrence au contexte évoqué précédemment. « Notre collège est ancien très ancien, peu de choses ont pu être faites (constructions, rénovations…) pour pouvoir accueillir sereinement les élèves », s’alarment les professeurs. Avec ses 1500 élèves, l’établissement n’est plus adapté d’après eux à accueillir autant de personnes. A cela s’ajoute le problème de porosité de l’enceinte dans laquelle les jeunes « peuvent entrer et sortir à leur convenance en escaladant les murs »
Rencontre avec le vice-rectorat pour trouver des solutions
Le personnel du collège a donc sollicité un rendez-vous auprès du vice rectorat qui se tiendra ce matin, pour exposer leurs difficultés et leurs demandes. « Nous souhaitons des propositions et des solutions concrètes », avertissent-ils. Avec son passage en REP+ (référentiel de l’éducation prioritaire) à la rentrée prochaine (comme de nombreux autres établissements de l’île), le collège va devoir mieux prendre en charge et en considération ces obstacles. Les REP+ sont une nouvelle classification des zones d’éducation prioritaires qui entre en application cette année. Ils concernent les quartiers ou les secteurs isolés qui connaissent les plus grandes concentrations de difficultés sociales ayant des incidences fortes sur la réussite scolaire. Dans ces Rep+, le temps enseignant est organisé différemment grâce à une pondération dans le second degré et à 18 demi-journées remplacées dans le premier degré.
Les demandes des enseignants kawéniens auprès du vice-rectorat sont claires. Ils demandent une sécurisation et une sanctuarisation de l’établissement (enceinte, bâtiments, voies d’accès…), l’augmentation du nombre de postes de surveillants. Enfin, ils réclament la prise en compte sérieuse des problèmes sociaux de notre jeunesse (déshérence, pratiques addictives…).
Reste à savoir si les portes de l’établissement seront ouvertes demain ou pas. La décision repose sur les épaules de la direction.
G.D
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