La situation reste bloquée entre le Département et les transporteurs. Des élèves ont manifesté leur mécontentement ce mardi matin à Kawéni, bloquant le trafic sur l’axe le plus fréquenté de Mayotte.
Mauvaise surprise pour les automobilistes ce mardi matin. Tôt dans la matinée, aux alentours de 7h, des jeunes ont érigé un barrage à proximité du rond-point Tati, à Kawéni. Objectif : afficher leur mécontentement face à l’absence de bus scolaire. S’ils ont été rapidement dispersés grâce à l’intervention des forces de l’ordre, ce nouveau barrage illustre le ras-le-bol face à une situation qui semble sans issue. En effet, malgré la signature ce samedi d’une nouvelle “convention de gestion provisoire” entre le Département et les transporteurs, une partie des chauffeurs continuent leur mouvement de grève entamé le 18 août, et qui perturbe depuis lundi 24 août la rentrée des quelque 100.000 élèves de l’île.
C’est que les grévistes, et en premier lieu les salariés de Matis, s’inquiètent surtout du nouvel appel d’offre lancé par le conseil départemental en juin, pour le marché de 2021. Leur reprise par la prochaine entreprise délégataire n’est pas rendue automatique et les chauffeurs craignent de perdre leur emploi. Et alors que les candidatures pour ce nouveau marché devaient arriver sur la table ce mardi 1er septembre, le dossier reste bloqué à la collectivité.
Or, les conséquences sont directes pour tous les habitants de Mayotte, et surtout pour les élèves. “Cette situation était prévisible”, commente Haïdar Attoumani Saïd, le co-président de la FCPE, l’association de parents d’élèves. “C’est l’exaspération des jeunes, qui, après de longs mois de confinement ne demandaient qu’une chose : aller à l’école. Et cette envie est obstruée par la négligence des adultes.”
Certes, la solidarité se met parfois en branle, façon débrouille. “Dans les zones rurales, cette solidarité s’organise à travers la famille, on essaie de partir avec les enfants des voisins”, décrit-il. Mais “en zone urbaine, c’est un peu plus chacun pour soi. Et donc on a des poches de jeunes qui font barrage, à Koungou, à Kawéni, à Vahibé, et tout cela s’accentue aujourd’hui.” Cette situation génère en effet des inégalités de traitement que le parent d’élève juge injustes, au point de demander un report de la rentrée au recteur. “Vendredi, si rien n’est fait, nous sommes prêts aussi à aller manifester devant le conseil départemental”, menace-t-il.
Le problème, c’est que le dossier n’est pas entre les mains du rectorat. “Nous n’allons pas repousser la rentrée pour ça, je pense que les élèves ont assez souffert comme cela !”, s’agace d’ailleurs Gilles Halbout. D’après ses constats, la moitié des élèves parvient malgré tout à embarquer dans les bus, et seuls 10% sont vraiment touchés. Les autres réussissent à se rendre sur les bancs de l’école par leurs propres moyens. “Nous souffrons tous de cette situation, et je n’ai de cesse de proposer notre aide pour faire de la médiation entre le conseil départemental et les grévistes”, plaide encore le responsable de l’académie.
Même constat d’impuissance du côté de la ville de Mamoudzou, qui, bien que n’étant pas partie prenante de ce dossier, à la compétence du Département, souffre directement des retombées de la grève. Les barrages à répétition sur le territoire de la commune, poumon économique de l’île, constituent un frein évident pour l’activité. Sans compter les risques de troubles à l’ordre public dont le chef-lieu se serait bien passé… Une rentrée qui démarre décidément sur les chapeaux de roue !
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