Lundi 17 mars : il est 19h30 et quelques militants de l’Union des Nouvelles Forces de la Commune de Sada (UNFCS) discutent tranquillement devant leur permanence, voisine de la mosquée du vendredi. Bien sûr, le vote de dimanche est dans tous les esprits. Depuis 2008, les Sadois ont voté à quatre reprises pour les municipales en raison d’irrégularités constatées par les juges administratifs. À chaque fois, l’UNFCS l’a emporté.
La confiance est donc présente, mais pas question de relâcher les efforts. Le député Ibrahim Aboubacar et son assistant parlementaire Soula Saïd-Souffou ont délaissé momentanément leurs bureaux parisiens pour venir soutenir Ansufou Bacar. Au sein de la permanence, un bénévole se charge de rédiger les courriers et le compte-rendu quotidien des réunions des candidats.
Un ordinateur, une imprimante et un scanner sont dédiés à ces tâches.
« Nous avons aussi des abonnements téléphoniques dédiés à la campagne. Cette année, la commune compte plus de 10 000 habitants, nous avons donc un mandataire financier qui agit au nom de la tête de liste. Nous avons l’obligation de justifier toutes les dépenses et de déclarer les comptes de campagne, ce qui n’était pas le cas auparavant » résume Soula Saïd-Souffou.
Au même moment arrive un militant. La réunion des candidats s’est terminée plus tôt ce soir-là. L’ordre du jour du lendemain est fixé, les intervenants du meeting de mardi aussi.
Mais surtout, la tête de liste Ansufou Bacar participe au débat télévisé sur Mayotte 1ère contre Anchya Bamana, la tête de liste de l’UMP.
« Vous voyez, ce militant vient prendre les nouvelles et discuter. Voir la permanence, notre QG ouvert, rassure nos militants. C’est ici qu’ils viennent prendre des renseignements sur notre programme de meetings, sur les intervenants » résume Harithi Abdou, mandataire financier d’Ansufou Bacar. Au fil de la discussion, les quelques partisans quittent le QG pour rentrer regarder le débat chez eux.
Le lendemain dans les rues de Sada, les partisans de l’UNFCS reviennent sur le débat. « On sait qu’Ansufou est moins à l’aise dans cet exercice qu’Anchya. Mais, il s’en est bien sorti et surtout, on s’attendait à ce qu’Anchya soit à un meilleur niveau » reconnaissent-ils. Le candidat Ansufou Bacar prend de l’assurance au jour le jour selon eux et montre qu’il a les épaules pour endosser le costume de maire.
Mardi 18 mars 20h00 : Les militants UMP sont en pleine discussion. Ils font le bilan des meetings du week-end, du débat télévisé et du porte-à-porte effectué jusque-là. « Pour les meetings, ça s’est bien passé globalement, même s’il y a des choses à corriger. À Mangajou, certains candidats ont été trop longs dans leurs interventions » explique Mohamed Bacar, président de la section UMP de Sada.
Au cours de la discussion, des propositions se font pour la stratégie à tenir dans les derniers jours. « Il faut mobiliser tout le monde et ne pas négliger le porte-à-porte. Ce n’est pas le moment de se relâcher » exhorte Ali Hassane Bahedja, directeur de campagne d’Anchya Bamana. Les candidats sont sommés de n’oublier personne.
La liste électorale figure en bonne place sur le bureau afin que chacun sache à quelle porte il doit taper dans ces prochains jours.
Contrairement à l’UNFCS, l’UMP possède un téléviseur au sein de son QG. Mais, les militants n’y ont pu y suivre le débat pour des raisons techniques. Ce qui ne les a pas empêchés de le commenter. « Anchya a rempli l’objectif : expliquer son programme pour convaincre la population » souligne Mohamed Bacar.
D’autres regrettent toutefois son manque d’opportunisme pour « enfoncer » son adversaire. « En politique, il ne suffit pas seulement d’expliquer ton programme. Il faut aussi faire en sorte que votre adversaire ne soit pas crédible. Anchya n’a pas profité des blancs d’Ansufou, du fait que celui-ci soit 1er adjoint au maire et qu’il n’allait pas aux réunions du conseil municipal. » Cela n’est peut-être que partie remise puisque les deux têtes de liste s’affrontent encore une fois ce matin, mais cette fois-ci dans le studio de Kwezi FM à partir de 7 h 30.
À 21 h 30, les militants sortent de la permanence. Ils savent que pour battre l’UNFCS, il faut cravacher. Enveloppes à la main contenant leur profession de foi et leurs bulletins, ils ont pour mission de les distribuer à chacun de leurs éventuels électeurs. Dehors, on entend les chants de maoulida shengué. L’UNFCS est en meeting derrière la place de la boulangerie.
Celle-ci accueille traditionnellement les meetings, mais elle est en travaux.
Les candidats UNFCS dévoilent leur programme, mais surtout avertissent leurs partisans : « Ne vous laissez pas avoir, que l’on ne vous mente pas, c’est avec nous que la commune ira de l’avant ». L’UMP dira sûrement la même chose ce soir place Cocotier.
Bref, chacun fourbit ses armes et le résultat est attendu ce dimanche. Ce soir-là, une liste l’emportera et il se pourrait que Sada soit la seule commune mahoraise dans ce cas. Nul doute que tous les yeux seront rivés sur la commune. Mais, c’est une habitude pour la municipalité ces dernières années. Tout le monde espère néanmoins que tout se passera bien et que cette fois-ci, il n’y aura pas d’élections annulées plusieurs fois afin que l’équipe municipale en place travaille sereinement.
F.S.
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