Municipales à Koungou : un gros gâteau à partager

Pour autant, l’image actuelle de la commune est celle d’une pestiférée, car il y a aussi ces innombrables bangas qui s’alignent sur les hauteurs, ces nuées d’enfants en bas âge qui courent pieds nus dans la terre, la morve au nez, ces montagnes d’ordures, d’emballages en plastique qui s’accumulent et terminent au fond du lagon à la faveur d’une bonne pluie.

Avec 27.000 habitants (recensement Insee 2012), mais seulement 5000 électeurs (chiffres des législatives de 2012, qui ne tiennent donc pas compte des dernières radiations), la commune de Koungou est celle qui a connu une véritable explosion démographique ces 10 dernières années. Moins d’un habitant sur 5 est un électeur, cela s’explique d’abord par la jeunesse de la population, 50% a moins de 20 ans, mais aussi par la proportion effarante d’étrangers, qui dépasse les 60% dans la commune.
Chassés de Mamoudzou, les clandestins se sont en effet retrouvés à occuper les espaces périphériques de la capitale économique et en priorité Koungou.

La donne politique est un peu particulière. De 2001 à 2008, la commune a été dirigée par une équipe de gauche, avec à sa tête Saïd Ahamadi, dit « Raos », le fondateur du Parti social mahorais. L’homme a du bagout et il a eu l’intelligence de recruter des cadres extérieurs pour administrer la commune, à une époque où les jeunes diplômés mahorais étaient quasiment inexistants. Résultats, au bout de 6 ans, la commune connaissait encore un équilibre financier. Ses adversaires lui reprochent néanmoins des investissements et des méthodes de travail fantaisistes.

Les partis adverses, MDM, UMP se sont alors coalisés dans l’Union pour le développement de Koungou, en réalité une union « tous contre Raos » qui l’a emporté en 2008. Mais Raos a rebondi puisqu’il s’est recyclé en 2011 en conseiller général, à nouveau plébiscité par la population. Tandis que l’équipe en place s’empêtrait dans des affaires politiques qui ont connu leur apogée avec la destitution du maire Ahmed Soufou, pourtant étiqueté à l’UMP, par le gouvernement Fillon en 2009. Une décision extrêmement rare. Depuis il a été condamné à 18 mois de prison ferme, une peine confirmée en appel et suspendue par son pourvoi en cassation.

Pendant ce temps, la mauvaise gestion se poursuit avec des commandes et des appels d’offres douteux, des conflits villageois qui apparaissent allant jusqu’à bloquer le port de Longoni et l’activité de Mayotte. Les ordures s’accumulent, le foncier n’est pas maîtrisé et les bangas en tôle fleurissent sur les pentes inconstructibles. Le nombre d’enfants à l’école augmente chaque année et la construction de l’école de Koungou a dû être stoppée par arrêté préfectoral en raison des irrégularités.

Pour cette élection, neuf candidats sont en lice, dont deux femmes. Un certain nombre d’entre eux espèrent tirer profit de leur candidature pour négocier entre les deux tours. Tous regardent leur commune comme un gros gâteau qui devrait octroyer de solides rentrées fiscales, des dotations de rattrapage de l’État. Mais si le futur maire ne tient pas compte du bien-être des habitants et ne réalise pas une modernisation de l’administration communale, le gâteau pourrait s’avérer plein de vers et conduire à une nouvelle indigestion politique.

 

 

Adrien Theilleux

LES CANDIDATS

Assani Bamcolo – UDACK (Union)
Sidi Hamada-Hamidou – Ensemble pour réussir aujourd’hui et demain (sans étiquette)
Raos – Avec Raos, voyons plus grand (PSM)
Alimdine Ali – Union pour le Développement de la Commune de Koungou (UDCK) (sans étiquette)
Toyafti Ahamadi – UMP commune de Koungou (UMP)
Hafifa Daoud – Tous Ensemble pour un Avenir Meilleur et Sûr (TEAMS) (PS)
Anlimou Youssouf Kassim WALEZ (sans étiquette)
Souafaoui Saïd – Mouvement pour le Développement de Mayotte (MDM)
Souffou Ahmed – Union Démocratique de la Commune de Koungou (UDCK)

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