Mouvement social à Mayotte : Le colonel Fabrice Terrien ne fait plus l’unanimité

Hier, lundi 24 août, les sapeurs-pompiers de Mayotte ont enclenché la grève du ras-le-bol. Du conseil départemental de Mamoudzou jusqu’au SDIS (service départemental d’incendie et de secours) de Kaweni, les secouristes ont manifesté envers et contre toutes les difficultés qu’ils rencontrent aussi bien dans leurs casernes que dans les lieux d’intervention. Au cœur de revendications ? L’insécurité et le départ imminent du colonel Fabrice Terrien, directeur de SDIS de Mayotte.

« La raison pour laquelle nous descendons dans les rues, c’est pour revendiquer le départ du directeur, le colonel Fabrice Terrien, mais aussi pour faire comprendre aux autorités compétentes que la vie des pompiers est en jeu », clame Colo Bouchourani, président du syndicat autonome FA/SPP-PATS Mayotte (fédération autonome des sapeurs-pompiers professionnels et des personnels administratifs et techniques spécialisés). « Nous sommes agressés, menacés matin, midi et soir. Avant, c’était dans les lieux d’intervention, maintenant c’est carrément dans nos casernes », raconte-t-il, rappelant au passage que certains de ses collègues ont été poignardés et caillassés.

« Ils attendent quoi ? Qu’un pompier trouve la mort pour qu’ils agissent ? », s’insurge le porte-parole du mouvement. Les soldats du feu veulent que leurs conditions de travail s’améliorent dans ce climat d’insécurité. « Nous demandons à ce que les pompiers aient des lieux de vie convenables, ce sont à l’heure actuelle des taudis. Nous voulons des caméras de surveillance et des murs qui sécurisent les sites au lieu des simples grillages comme à Kahani. Parfois même, c’est le néant comme à Pamandzi. »

Désormais, il n’est plus question d’exercer dans ces conditions sans que des mesures drastiques soient prises. « Ce n’est pas faute d’avoir prévenu. Nous avons envoyé des communiqués de presse aux élus et au préfet pour qu’une solution soit trouvée ». Selon le président du FA, après maintes relances, aucune mesure n’a été prise pour subvenir aux besoins des pompiers. « Mais le pire, c’est que derrière, nous sommes constamment harcelés par la direction », martèle-t-il. Une pression ne cesserait de prendre de l’ampleur depuis l’arrivée du directeur Fabrice Terrien, il y a maintenant « 1 an et 10 mois ».

« Terrien quitte les lieux ! »

C’est dans un élan de révolte que les pompiers arborent leurs pancartes « Terrien quitte les lieux ! » sous la chaleur du bitume. « Nous ne voulons plus continuer à travailler avec la direction actuelle parce qu’après quasiment 2 ans de silence, nous nous sommes rendu compte qu’il n’y a aucun désir de nous aider », assure Colo Bouchourani. « À part publier des clichés de nos casernes, les juger insalubres, critiquer nos compétences et notre hygiène de vie, il n’a rien fait. » Les secouristes dénoncent également un manque de considération et un mépris profond du colonel Terrien envers eux. Ahmed Allaoui Abdoul-Karim, président du SNSPP (syndicat national des sapeurs-pompiers), va plus loin et fustige directement la présidente du service, Moinaecha Soumaila : « Elle est politiquement irresponsable. Elle n’a aucune compétence pour gérer un service. C’est la marionnette du directeur. Dehors elle aussi ! »

Une réunion se tient ce matin à 8h entre le directeur de cabinet de la préfecture et les quatre représentants des syndicats, à Dzaoudzi. « Nous ne souhaitons ni y voir la présidente, ni le directeur », assène le président de la SNSPP. Si cette rencontre ne s’avère pas concluante, la grève se poursuivra avec une nouvelle stratégie. « Tous les jours, nous procèderons autrement », prévient le président du FA. « Nous engageons le bras de fer jusqu’à l’exécution de nos revendications. Nous sommes prêts à en tirer les conséquences », ajoute-t-il. Hier, le président a estimé le nombre de grévistes entre 150 et 200. Il assure ils seront plus nombreux aujourd’hui car la rentrée scolaire a réquisitionné quelques parents qui devaient répondre à leurs obligations. Pour rappel, chaque caserne a une équipe minimum prête à intervenir en cas d’urgence. « Nous sommes là pour l’intérêt et la sécurité de la population, nous ne les abandonnerons pas », rassure le chef du syndicat autonome.

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