Promises en mars, les médiations de terrain issues d’un partenariat entre associations, préfecture et conseil départemental sont en passe de devenir une réalité avec la signature, ce jeudi, de la convention officialisant leur création. Si l’on proscrit désormais le terme de “brigades de vigilance citoyenne”, le dispositif reste le même avec un objectif de déploiement de 600 bénévoles sur le terrain, dont les premiers devraient entrer en service à la mi-juin.
“Ce ne sera pas la solution miracle, loin de là, mais au moins on essaye”, lance Dimitri Nawal Yssouffou, la directrice de l’association Messo. Autour d’elle dans l’hémicycle Bamana du conseil départemental, ses homologues associatifs, des élus départementaux au premier rang desquels le président Soibahadine et le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet. Tous sont venus ce jour assister à la cérémonie de signature de la convention, acte de naissance des médiations de terrain et, le cas échéant, apposer leur sceau sur ledit document. “On essaye”, “on se mobilise” face à des jeunes qui “manquent de réponse” et à l’encontre desquels “on a trop souvent le jugement facile alors qu’ils cachent une souffrance”, résument les représentants d’association mobilisés dans ce nouveau partenariat.
Pas de solution miracle donc, mais une véritable volonté affichée de toute part d’aller à la rencontre des jeunes, de trouver des solutions à leurs côtés. Mais attention, pas tous les jeunes prévient d’emblée le préfet. “Ceux qui ne sont pas des voyous et non ceux qui n’ont pour objectif que de perturber la vie des Mahorais”, martèle-t-il avec un message des plus clairs : faire de la médiation n’enlève en rien à “la répression pour les individus qui ne comprennent que ça”.
La méthode douce
Objectif donc, selon les termes du délégué du gouvernement, “essayer d’écarter des délinquants ces jeunes garçons ou filles qui viennent parfois grossir les rangs des combattants” lors des émeutes. Et tenter, en créant le dialogue, de leur trouver quelques perspectives d’avenir ou du moins, d’occupation, à travers différents services. L’outil ? 600 bénévoles de terrain, “répartis géographiquement selon l’évolution des besoins”, supervisés par une centaine d’agents du conseil départemental et selon le savoir-faire des associations partenaires (Messo, Mlezi Maoré, Coup de pouce et Fahamou Maecha). Le tout sous la houlette en binôme de la collectivité et de la préfecture. Laquelle fixe le calendrier : des “premiers éléments visibles d’ici la mi-juin”, l’ensemble du dispositif à la rentrée.
Le mot d’ordre est donc le dialogue. Le dialogue avec une jeunesse constitutive de “la richesse et de l’avenir de Mayotte” et pour laquelle “il n’est nullement question de la mettre en équation avec l’insécurité”, comme le fait valoir le président du Département. Exit donc, le terme de “brigades de vigilance citoyenne” évoqué en mars et à la sonorité trop guerrière. La mission n’est pas de sécuriser, l’instrument n’est pas la force. Car sur ce second volet, “on ne lâche pas la pression, les institutions font leurs actions, mais nous avons besoin de cela [la médiation] pour donner un nouvel élan de sérénité à l’île”, indique le préfet en prenant les devants sur les critiques à venir sur cette méthode douce.
Le représentant de l’État n’a d’ailleurs pas été le seul à prendre le devant sur ces jugements qui, nécessairement, pleuvront en trombe notamment sur les réseaux sociaux. “C’est facile d’être sur Facebook et de critiquer tout le monde, nous on a au moins le mérite d’être là et de répondre présent”. À bon entendeur…
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