Mayotte : Les brigades de vigilance citoyenne ou l’urgence d’attendre

Le budget est désormais voté et le Département voudrait aller vite dans la mise en service des brigades de vigilance citoyenne composées de centaines de médiateurs de terrain. Mais la crise sanitaire embarque avec elle des priorités qui, pour les partenaires de la collectivité, supplantent celle-ci. 

Il marche seul. En attendant que ses compagnons de route le retrouvent sur le chemin de la lutte contre la délinquance, le conseil départemental voté, ce 30 avril, le budget dédié aux brigades de vigilance citoyenne. 400.000 euros seront ainsi consacrés pour permettre le recrutement d’une centaine de professionnels auprès du Département, chargés de superviser l’action de terrain de quelque 600 bénévoles répartis au sein de plusieurs associations. 

Le projet annoncé le 11 mars n’est donc pas oublié. Il est même “urgent” à entendre le vice-président du département en charge de l’action sociale, Issa Issa Abdou. “Les événements récents de violence le prouvent de la plus évidente des manières, ils nous donnent raison sur notre volonté d’agir vite pour mettre ce dispositif en place. On ne peut plus faire l’impasse sur le pari du dialogue et se contenter d’un côté de mourengué qui dégénèrent et de l’autre d’un décompte des grenades lancées”, soutient ainsi l’élu départemental. 

Pour autant, les freins sont nombreux à la mise en en place concrète de ce dispositif qui se veut “audacieux et très encadré sans reproduire les erreurs du passé que l’on a pu observer à travers les maillots jaunes”, selon Issa Issa Abdou. À commencer par la crise sanitaire. “De notre côté, nous sommes prêts, mais il est vrai que le confinement complique largement la tâche. D’un côté, nous souhaitons le faire, mais mettre des centaines de personnes dans la rue en ce moment n’est pas évident. On voudrait agir vite, tout de suite, mais nous n’avons pas encore trouvé la parade pour ce faire”, confie le vice-président. 

“Plus d’actualité” pour la préfecture 

Et la tâche se complique d’autant que les partenaires initiaux du projet, au premier rang desquels l’État en copilote, sont plus que réservés sur la notion d’urgence quant à la mise sur pied des brigades de vigilance citoyenne. “Que le conseil départemental délibère pour préparer le terrain est très bien, mais il est vrai que de notre côté nous avons certaines priorités liées à la crise sanitaire à gérer. Dans ce cadre, le projet n’est plus trop d’actualité en ce moment”, explique ainsi Jérôme Millet, le secrétaire général adjoint de la préfecture en charge de ce dossier, tout en assurant que “nous le reprendrons dès que possible”. Du côté de la gendarmerie qui a fort à faire en ce moment, on est même “passé à autre chose”, lance le général Philippe Leclerq. “Le contexte a beaucoup évolué depuis, notre configuration est nettement plus orientée sur la crise sanitaire et le maintien de l’ordre public dans une situation dégradée”, poursuit le commandant des forces de gendarmerie sur le territoire. “On avance main dans la main sur ce sujet”, promettaient pourtant l’ensemble des parties prenantes lors de la présentation du projet le 11 mars. Il faut croire que, pour une fois, les gestes barrières ont bien été intégrés.

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