Un conseil des ministres de la COI organisé à Moroni, c’était l’occasion rêvée pour le gouvernement français d’inviter les élus mahorais à la table des discussions diplomatiques entre la France et les Comores.
Mais, cette opportunité n’a pas été saisie. Ahamed Attoumani Douchina, ancien président du conseil général et qui a participé aux réunions de feu le groupe de travail de haut niveau entre la France et les Comores en 2008, n’a pas été intégré à la délégation française la semaine dernière.
Présent à Moroni, il avait selon lui été désigné par le CG pour représenter Mayotte suite à un courrier du ministère des Affaires étrangères transmis à la préfecture de Mayotte. Mais ces consignes n’ont pas été apparemment transmises à Claudine Ledoux, l’ambassadrice déléguée à la coopération régionale de la zone océan Indien. Du moins, c’est ce qu’elle a fait comprendre à Ahamed Attoumani Douchina.
« Je pense qu’elle a eu peur et qu’elle a paniqué. Certains journaux comoriens ont fait état de ma présence ici et c’est peut-être ce qui lui a fait peur. J’ai préféré partir, car je ne voulais pas subir l’humiliation qu’elle me demande de sortir de la salle lors des réunions. Je m’attendais à un soutien de sa part, puisque c’est elle qui avait toute la latitude pour composer la délégation française » explique Ahamed Attoumani Douchina.
Pour lui, sa non-participation à ce conseil des ministres est une affaire strictement franco-française.
« Je n’ai vu aucune pancarte, aucune banderole hostile à ma présence. Ce n’est pas une opposition des Comoriens ni des Malgaches, Seychellois, Réunionnais ou Mauriciens » insiste l’ancien président du CG. Celui-ci envisage de demander à Daniel Zaïdani d’écrire au gouvernement pour protester contre cette mise à l’écart.
En temps habituel, c’est le préfet de la Réunion qui invite en tant que représentant du gouvernement les représentants du conseil général de Mayotte et de la Réunion (la présidente Nassimah Dindar et l’ancien député Wilfrid Bertile ont représenté le département réunionnais).
Parfois, le ministère des Affaires étrangères invite directement des personnalités des collectivités dans sa délégation. Quoi qu’il en soit, il y a eu un gros loupé avec M. Douchina et c’est quelque chose qu’il faudrait régler pour les échéances à venir, puisque la COI ne peut faire semblant de nier l’existence des Mahorais dans son espace géographique.
Hier, le chargé de mission UMP Hadadi Andjilani a réagi suite à cette mise à l’écart. « La fédération UMP de Mayotte s’indigne contre ce mépris, de surcroît perpétré par un haut fonctionnaire de la République pour humilier les responsables politiques locaux. Mayotte c’est la France, son représentant a le devoir de défendre les intérêts et la place de Mayotte au sein de toutes les instances internationales de l’océan indien.
Par conséquent, le parti demande la démission de madame Claudine Ledoux qui est indigne de représenter notre pays dans l’océan Indien » a-t-il écrit dans un communiqué.
L’UMP demande également une position claire du gouvernement socialiste sur les relations qu’il entend mener avec l’Union des Comores.
Cette position sera peut-être réaffirmée en juillet prochain lors du sommet des chefs d’État et de gouvernement de la COI pour lequel François Hollande a confirmé sa participation.
Le conseil des ministres de la COI n’a pas évoqué la question de Mayotte. De nombreuses questions ont été à l’ordre du jour, notamment la surveillance côtière, la stabilité politique régionale ou encore le budget de l’organisation. Pour les projets, il sera doté de 23 millions d’euros, versés en grande partie (70 %) par l’Union européenne.
Pour le fonctionnement, le budget sera de 600 000 euros, soit une hausse de 15 % et qui est à la charge des États membres.
Enfin, il a été discuté de l’éventuelle adhésion du Sri Lanka et du changement d’appellation en Commission des États de l’océan Indien.
F.S.
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