Lutte contre l’insécurité : Mamoudzou veut faire du neuf avec du vieux

Les premières assises de la sécurité de Mayotte se tiendront le mois prochain à Mamoudzou. Mardi, l’équipe municipale conviait un parterre d’élus à une réunion préparatoire, censée amorcer les premières pistes de réflexion. Mais les propositions rappellent étrangement ce qui avait déjà était fait dans le cadre des assises des Outre-mer quelques années plus tôt et dont les résultats en termes de sécurité se font toujours attendre du côté de la population.

C’est une première et pourtant, elle a un air de déjà-vu. Mardi matin, la mairie de Mamoudzou organisait une réunion préparatoire aux premières assises de la sécurité qui se tiendront les 9 et 10 novembre dans le chef-lieu. Autour de la table, une floppée de maires, des dizaines d’élus de la collectivité, trois des quatre parlementaires mahorais, le procureur, les forces de l’ordre et les représentants du Grand cadi, signe, pour certains, d’un esprit de cohésion inédit. Seuls absents ? Les acteurs associatifs et citoyens, qui n’ont pas été invités. Mais qu’ils se rassurent : une enquête en ligne et sur les réseaux sociaux devrait être proposée aux habitants de l’île – et même d’ailleurs – afin qu’ils « expriment leurs avis et leurs propositions ». Des doléances et recommandations qui seront ensuite présentées le jour J. Une sorte de remake du livre bleu élaboré lors des assises des Outre-mer entre 2017 et 2018, et dont l’un des objectifs établis pour Mayotte était déjà la lutte contre la délinquance. Mais depuis, celle-ci est en nette recrudescence…

Du côté du programme, la recette, aussi, semble la même : tables rondes, entretiens, synthèses, tournées des écoles, ateliers géographiques et thématiques marqués, notamment, par l’intervention de « grands témoins ». De quoi développer, selon Ambdilwahedou Soumaïla, maire de Mamoudzou, des solutions immédiates, mais aussi à moyen et long terme. Dans l’assemblée, certains chuchotent sous leurs masques, que le dispositif, pour lequel un cabinet de conseil lyonnais a été recruté, ne suffira pas à toucher réellement les jeunes délinquants en rupture sociale et scolaire, et parfois en proie à une grande précarité. Un mot qui ne sera pourtant jamais prononcé au cours de la réunion.

Mais le rendez-vous a toutefois fait des heureux, à l’image du capitaine de police Chaharoumani Chamassi. « Oui, cela peut ressembler à ce qui s’est fait par le passé, mais il y a une prise de conscience nouvelle au niveau des élus, qui comprennent enfin que la prévention de la délinquance relève des mairies. Pour une fois, ce n’est pas l’État qui vient les chercher ! » Mais au-delà de chercher, reste à voir si enfin, les solutions seront trouvées. En ce sens, pas sûr que l’atelier rap – un brin stigmatisant –, comme proposé par l’équipe municipale, suffise.

Sénateur Thani : « S’il faut changer la loi, c’est au niveau national »

La petite phrase du préfet a marqué les esprits. Alors que le délégué du gouvernement annonçait quelques semaines plus tôt envisager d’expulser les parents titulaires d’un titre de séjour et dont les enfants seraient impliqués dans des faits de violence, le sénateur Thani Mohamed Soilihi a brièvement réagit à ce sujet : « S’il faut changer la loi pour permettre la condamnation des parents, et si tant est que cela soit constitutionnel, c’est au niveau national. » Une déclaration qui a fait frémir certains membres de l’assemblée, estimant que la situation migratoire exceptionnelle à Mayotte justifie des exceptions législatives taillées sur-mesure. « Mais on ne peut pas associer les caillassages à la seule immigration », tempère toutefois Laurence Carval, nouvelle directrice de cabinet du préfet. Un contre-pied des déclarations de Jean-François Colombet, qui estimait que la recrudescence des violences était bel et bien liée à l’arrêt des reconduites aux frontières, excluant de facto la possibilité d’une délinquance mahoraise.

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