Contrairement aux années passées, le vice-rectorat ne cherche plus depuis peu à dissimuler les problèmes sous le tapis.

Les nouveaux maires ont donc eu le droit à un tableau de bord « sans fard à paupières » de l’éducation à Mayotte. L’île reste un front de scolarisation et constitue une exception notable par rapport au contexte national. Les élèves sont en constante augmentation et la gestion des flux impacte fortement sur la qualité de l’enseignement dispensé et forcément sur le résultat en aval.

Le niveau moyen des élèves reste assez largement inférieur à ceux des autres académies de France (moins de 70% de taux de réussites aux examens, tous baccalauréats confondus). Beaucoup de jeunes décrochent des études avant la fin du second degré. Et ceux qui poursuivent des études dans l’enseignement supérieur sont mal armés pour faire front et décrocher des diplômes.

Sur le manque de professeurs, le nombre d’arrivées de nouveaux enseignants stagne depuis 5 ans, alors que la population scolaire a poursuivi son ascension dans le même temps, ce qui crée un décalage en termes de ressources humaines.
Conséquence : le nombre de contractuels est en forte progression, plus de 1000 personnes, dont environ 600 dans le second degré.

Dans le primaire, tous les élèves ne sont pas scolarisés, surtout dans le premier cycle, la maternelle. Et lorsqu’ils sont scolarisés, le temps scolaire est mal adapté, si bien que « le système fait perdre 40% du temps scolaire aux élèves », selon François Coux, le Vice-recteur. Il a fait de la lutte contre les rotations et pour la mise en place des nouveaux rythmes scolaires une de ses trois priorités. Or, le temps scolaire est une compétence municipale, de même que la construction des écoles, unique moyen de lutter contre la rotation.

Face à ce sombre tableau, les élus ont répliqué en mettant en cause le statut de l’éducation à Mayotte et les moyens mis à disposition. Pour Abdourahamane Ravoay, adjoint à Kani-Kéli, Mayotte devrait être une académie et avoir un rectorat à part entière. Un argument que le Vice-recteur balaie d’un revers de main « l’évolution vers un rectorat de changera rien », en effet, Mayotte est « directement rattachée au ministère de l’Éducation », comme n’importe quel territoire.

Mouslim Abdourahamane, maire de Bouéni, est sceptique, car les moyens dont dispose sa commune ne sont pas suffisants. Soihibou Hamada, maire de Dembéni, pense que c’est le manque de moyens qui constitue un frein à l’action des communes en matière de réussite éducative. Ce à quoi le M. Coux répond par une nécessité pour les maires : « Dans l’urgence, se recentrer sur les priorités ». Il préconise ainsi de se fixer deux ou trois priorités absolues, parmi lesquelles assurer une nouvelle gouvernance pour la construction des établissements scolaires et en finir avec les rotations et le temps scolaire uniquement le matin.

Adrien Theilleux