Le risque de tsunami pris très au sérieux par la préfecture de Mayotte

Le comité de suivi du phénomène sismo-volcanique s’est réuni mercredi autour des risques encourus par la population. L’hypothèse d’un tsunami provoqué par un glissement de terrain dû à la fragilisation des pentes récifales est à ce jour le scénario le plus « menaçant ». 

Devant la petite porte de la salle de conférence du rectorat, une poignée de journalistes attendent le préfet depuis plusieurs dizaines de minutes. « La réunion n’est pas encore terminée… », souffle l’une des collaboratrices de Jean-François Colombet. Signe que de l’autre côté de la cloison, les échanges sont denses, et pour cause : mercredi, le comité de suivi du phénomène sismo-volcanique s’y tenait afin d’élaborer les premiers dispositifs qui permettront de protéger la population insulaire en cas de catastrophe naturelle. 

Au sortir de la réunion entre représentants de l’État et membres de la communauté scientifique – Ifremer, IPGP, BRGM, Revosima, etc. –, le délégué du gouvernement ne tergiverse pas face à la presse venue attendre les premières observations. « Le phénomène sismique que connaît Mayotte depuis deux ans pourrait potentiellement générer un tsunami », annonce d’emblée Jean-François Colombet. Jusque-là, rien de bien nouveau. En revanche, plusieurs scénarios ont été dévoilés. Si le risque d’un effondrement sous-marin provoqué par la vidange de la poche magmatique était jusqu’alors la théorie la plus souvent évoquée, un séisme « plus important que les autres » ou un glissement de terrain dû à l’instabilité des pentes récifales, fragilisée depuis la naissance de l’essaim, constituent aussi des pistes sérieuses, et la dernière d’entre elles seraient, à ce jour, considérée comme « la plus menaçante », selon les mots du préfet. Pour les scientifiques chargés de mesurer les risques, le plan d’eau pourrait ainsi s’élever de 10 à 15 mètres en fonction des endroits, « mais la hauteur du plan d’eau ce n’est pas la hauteur de l’eau que nous aurions sur nos côtes », s’empresse de préciser Jean-François Colombet. En effet, puisque concernant la submersion, celle-ci oscillerait entre 50 centimètres et 2 mètres selon les sites et la bathymétrie. 

Des itinéraires de fuite à l’étude 

« Notre travail, maintenant, ça va consister à éduquer les populations aux bons réflexes et pouvoir les alerter », poursuit le délégué du gouvernement. En ce sens, 21 sirènes seront installées dans toutes les communes de l’île en début d’année prochaine. Un projet prévu initialement bien plus tôt, mais quelque peu perturbé par la crise sanitaire. Aussi, des « itinéraires de fuite » sont en cours d’études en partenariat avec l’université de Montpellier afin d’établir, pour chaque localité, les points où, en cas d’aléas, chacun pourra s’abriter sans risque. Une fois définis, ces sites feront l’objet d’une signalétique toute particulière. En amont, la préfecture souhaite multiplier dès la rentrée les exercices d’évacuation, particulièrement en milieu scolaire, à l’instar de celui auquel s’étaient prêté les jeunes écoliers de Dembéni courant février. Enfin, si la situation sanitaire le permet, un grand colloque devrait être organisé en septembre autour des connaissances scientifiques acquises depuis deux ans concernant le phénomène sismo-volcanique. Un événement inédit à Mayotte qui devrait permettre de vulgariser toutes les données recueillies pour que la population se les approprie. 

 

Un projet d’observatoire mahorais parmi « les plus performants au monde » 

Aux côtés de Jean-François Colombet, un nouveau visage était aussi au rendez-vous mercredi : celui de Charlotte Mucig, fraîchement nommée directrice du bureau de recherche géologique et minière de Mayotte, le BRGM, venue évoquer la prochaine mission scientifique. Si les dernières en date, Mayobs 13-1 et 2, avaient pu se tenir en plein confinement, les résultats de ces campagnes n’ont pas encore été entièrement publiés. En revanche, la prochaine venue du Marion Dufresne, programmée pour le mois d’octobre, est déjà particulièrement attendue, puisqu’elle permettra d’essayer pour la première fois d’utiliser les câbles sous-marins de la fibre optique pour écouter les séismes et autres vibrations sous-marines et terrestres en temps réel. Un projet innovant qui sera d’ailleurs soumis à un jury international pour peut-être capter de précieux financements dans le cadre du programme d’investissements d’avenir. « Je suis très optimiste, et cela permettrait de créer le premier observatoire mahorais », sourit le préfet. « Et il serait l’un des plus performants au monde ! », surenchère la directrice du BRGM.

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