Alors que Mayotte était dans l’attente, hier, de l’annonce d’un possible déconfinement dès lundi 18, le Conseil scientifique rendait public son avis sur la question. Et face à un pic épidémique encore non atteint, il s’est prononcé en faveur d’un prolongement du confinement. Détails.
Hier, Mayotte était dans l’attente d’une annonce d’importance : le territoire sera-t-il ou non déconfiné de manière progressive à partir du 18 mai ? À l’heure où nous bouclions ces lignes, aucune réponse n’avait encore été donnée. Une chose est sûre en tout cas, le Conseil scientifique s’est prononcé contre. Pour lui, c’est donc non, le confinement du 101ème département doit se prolonger jusqu’à ce que le pic épidémique, prévu aux alentours du 21 mai, soit passé. Un avis certes non contraignant, mais qui rejoint celui de l’ARS, quelque peu réticente à l’idée d’un retour à la normale.
“Au vu de la dynamique actuelle de l’épidémie de Covid-19, les autorités ont repoussé la date du déconfinement de la population [au 18 mai]”, entame ainsi le document, en poursuivant que “le Conseil scientifique appuie cette décision et recommande le maintien du confinement jusqu’au décours du pic épidémique local” tout en “renforçant la capacité locale à réaliser largement les tests RT-PCR de diagnostic du Covid-19”.
En cause, évidemment, la situation sanitaire du territoire, dernier département à être encore dans le rouge : “Malgré l’interruption du trafic aérien et maritime dès le 20 mars pour les voyages d’agrément, l’épidémie de Covid-19 s’est généralisée à Mayotte. Avec 1.023 cas cumulés le 10 mai, Mayotte est le département d’Outre-mer le plus touché et celui qui connait la plus forte progression du nombre de cas de Covid-19. Classé actuellement en “zone rouge”, c’est le seul département français qui n’a pas encore atteint son plateau épidémique.” Une situation jugée “préoccupante” par le Conseil et “associée à une difficile mise en œuvre du confinement et des mesures de distanciation dans les quartiers les plus pauvres. Bien que sous tension croissante, le centre hospitalier de Mayotte n’a pas été à ce jour débordé par les admissions pour Covid-19. Une cinquantaine de personnes sont actuellement hospitalisées au CHM dont 9 en service de réanimation. Avec 11 décès cumulés depuis le début de l’épidémie, la létalité de l’infection reste faible à Mayotte. La gestion de l’épidémie est toutefois rendue plus complexe par l’épidémie de dengue qui sévit actuellement dans l’océan Indien et qui a entraîné plusieurs décès”.
Et après ?
L’avis du Conseil scientifique recommande également une “limitation stricte du nombre d’arrivants” jusqu’à la fin de ce confinement, ceux-ci devant “se conformer au principe du confinement général”. Des mesures déjà appliquées compte tenu de la suspension des liaisons aériennes commerciales vers Mayotte. Et au-delà ? ”Lorsque l’épidémie régressera et que Mayotte entrera en phase de déconfinement, les modalités d’entrée sur le territoire à appliquer seront celles décrites (…) pour les autres territoires ultramarins, avec une attention particulière pour les arrivants des Comores.”
Dans les faits, “dans ces territoires, il est possible d’envisager la disparition des cas de Covid-19 dans les semaines ou mois à venir. La priorité, en cette période de déconfinement progressif est alors de ne pas relâcher, voire de renforcer, le dispositif sanitaire actuel de dépistage, isolement des malades et suivi actif des personnes contacts, tout comme en métropole. Le Conseil scientifique recommande de n’accroître la fréquence des transports de voyageurs, qu’à partir du mois de juin, en privilégiant les rapprochements familiaux et les déplacements professionnels”. Des recommandations qui, si elles sont retenues, viendront compléter les mesures contenues dans le projet de loi sur la prorogation de
l’état d’urgence jusqu’au 10 juillet, validé lundi 11 mai, et qui impose le maintien d’une quatorzaine pour les personnes arrivant dans les territoires d’Outre-mer.
Réunis dans l’hémicycle Bamana hier, les élus du département ont proposé un prolongement du confinement au 25 mars. « C’est à l’État de trancher », a déclaré Issa Issa Abdou sur Mayotte la 1ère jeudi soir.
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