S’il est vrai que le déficit a été comblé, que la trésorerie du département est à nouveau dans le vert, plusieurs indicateurs laissent penser que l’orage financier n’est peut-être pas terminé pour le conseil général. D’une part, la mise en place de la fiscalité locale induit un certain nombre de facteurs « X » dans l’équation du budget. Combien le conseil général arrivera-t-il à récupérer en taxes et en octroi de mer ?
Des estimations existent naturellement, mais les fourchettes sont larges. Ensuite, le gros des recettes du département sera désormais constitué de dotations de l’Etat, qui atteignent 120 millions d’euros en 2014 contre 48 millions en 2013. Ce qui représente un risque potentiel, car les engagements gouvernementaux n’ont pas toujours été tenus par le passé.
Pour Saïd Omar Oili, propulsé leader de l’opposition depuis les élections municipales et surtout son élection à la tête de l’association des maires de Mayotte, « il y a des incertitudes qui pèsent sur le budget ».
Le conseiller général-maire de Dzaoudzi- Labattoir a notamment rappelé que dans certains autres départements d’Outremer, « l’octroi de mer est versé dans sa totalité aux communes » et non au conseil général comme à Mayotte. Pour le Conseil économique, social et environnemental (Cese) de Mayotte, la bonne santé financière retrouvée du conseil général se superpose à une période de mise en place de la fiscalité de droit commun, une période d’ajustement et d’expérimentation.
Par conséquent, il préconise « la prudence », « afin de ne pas compromettre la sécurité financière du département ». Parmi les conseils délivrés par le Cesem, on relève le maintien d’un bon niveau d’épargne, une imposition modérée pour éviter des risques de tensions sociales, le maintien du rythme de désendettement, la reprise de l’investissement dans le cadre des fonds européens.
Le conseiller de Labattoir a mis en garde face à un budget jugé « très, très, très fragile ». Il souhaite que les taux d’imposition ne soient pas modifiés comme le souhaitent ses collègues de la majorité. Daniel Zaïdani a défendu l’action de sa majorité qui a contribué à faire passer la dotation de compensation versée par l’Etat pour la perte des recettes douanières de 53 millions d’euros initialement promis à une enveloppe de 83 millions d’euros finalement concédés fin 2013 par le gouvernement. « Nous essayons d’être prudents avec les taxes », s’est-il justifié.
Adrien Theilleux
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