La radicalisation dans le viseur des cadis

Au cours de ce rassemblement, il a été décidé de tenir une minute de silence en hommage aux victimes des attentats de Paris. Les cadis feront une Fatiha, invocation religieuse pour protéger le pays de cette “maladie” de la radicalisation islamiste. En réunion hier, les cadis ont aussi évoqué les actions à entreprendre pour éviter la radicalisation et suivre les directives du ministre de l’Intérieur.

Une de leur proposition consiste à répertorier les “mosquées sauvages”, qui prolifèrent en marge des villages. Un cas s’est présenté il y a quelques mois à M’tsangamouji. Les habitants ont fini par reprendre les choses en main et à détruire la mosquée, tenues par des étrangers et qui faisait de l’ombre à la Mosquée du vendredi du village. Plus récemment, un autre lieu de culte a été détruit à Dzoumogné. Il s’agissait, d’après les cadis, d’un lieu d’enseignement de la religion, dans lequel s’était peu à peu aménagée une salle de prière qui avait pris des proportions importantes.

Sans dénoncer un lieu de radicalisation, les cadis ont tout de même fustigé l’édification de ce lieu d’enseignement par de “prétendus fundis” comoriens qui dénigraient ouvertement les imams mahorais. Pour le porte-parole du Grand Cadi, Mohamed Nassur El Mamouni, il y a à Mayotte “des lieux d’enseignement clandestin qui ne doivent plus exister”. “Ces lieux sont devenus des lieux de commerce où les fundis en profitent pour se faire rémunérer ou trouver une épouse pour obtenir des papiers”. Souvent dans les villages “bis”, construits par les migrants comoriens à la marge des villages, des lieux de cultes sauvages sont bâtis qui restent hors de contrôle, en termes d’enseignement coranique, de fonctionnement, de messages religieux.

Pour distinguer les mosquées officielles des mosquées clandestines, 4 critères ont été établis par les cadis. D’abord, le “respect des démarches administratives pour l’enregistrement du lieu de culte”, ce qui comprend aussi “l’identification foncière” du lieu de culte. En second, La construction d’une mosquée doit faire l’objet d’un “consensus au sein de la population du village ou du quartier concerné”. En troisième, les cadis reconnaissent comme mosquée, un lieu dans lequel se déroulent les 5 prières quotidiennes. Enfin, le lieu doit respecter les principes de l’enseignement coranique, doit “partager des valeurs de respect d’autrui” et doit “participer à favoriser la paix sociale”.

Entre 250 et 260 mosquées officielles ont été recensées sur le territoire de Mayotte par les cadis. Ils entendent relayer le message du ministre de l’Intérieur sur les dangers de la radicalisation.

Adrien Theilleux

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