La mixité, une spécificité de Mayotte

Après le budget des ménages la semaine dernière, l’Insee livre les résultats de sa deuxième enquête basée sur le recensement de 2017. Cette fois, ce sont les couples du territoire qui sont étudiés. Un chiffre ressort tout particulièrement : un tiers des couples de l’île sont mixtes. 

Les études se suivent… et ne se ressemblent pas toujours. Après le budget des ménages la semaine dernière, c’est en effet un tout autre sujet que l’Insee a présenté hier : le profil des couples, conclusion d’une étude toujours basée sur le recensement de 2017. Évidemment, compte tenu du sujet, seuls les habitants de l’île de 14 ans ou plus ont été pris en compte ici. Et c’est là une première donnée : la moitié des habitants de Mayotte de cette catégorie vit en couple, sous un même toit. Ce n’est toutefois pas le chiffre le plus parlant. Point par point, voilà ce qu’il nous faut retenir. 

Un tiers des couples sont mixtes 

C’est sur cette donnée – 29% pour être précis, soit 37.600 couples – que l’Insee a choisi de titrer. Et pour cause : la mixité à Mayotte est bien plus fréquente qu’en métropole, où seuls 12% des couples sont concernés. Attention toutefois, on n’entend pas là une mixité de couleurs ou d’origine, mais de nationalité. Ainsi, un couple considéré comme mixte aux yeux de l’étude est composé d’une personne née en France – que ce soit en métropole ou à Mayotte – et d’une personne née à l’étranger. Explication de ce constat : « la part plus importante de résidents d’origine étrangère » à Mayotte par rapport à la métropole. Si ce taux de 29% reste stable depuis 2012, un autre augmente en revanche très fortement : celui des couples composés de deux personnes nées aux Comores. Une augmentation de 10 points à imputer à « une immigration importante » qui porte à 42% le taux de couples où les deux conjoints sont nés à l’étranger, ceux-ci étant nés « essentiellement aux Comores ». À l’inverse, la part des couples unissant deux personnes nées en France perd huit points et, au sein de ceux-ci, seuls 2% des couples sont composés d’un natif de Mayotte et d’un natif d’un autre département. Enfin, 58% des couples sont composés d’au moins un conjoint né en France. 

Des femmes plus souvent célibataires après 30 ans 

Si les femmes débutent leur vie de couple très tôt à Mayotte – 7% d’entre elles vivent déjà en couple entre 14 et 19 ans, contre seulement 2% en métropole –, elles demeurent moins souvent en couple après 30 ans : 63% à Mayotte contre 70% en métropole. Et cette différence s’accentue au-delà de 35 ans. Le contraire des hommes qui, en ce qui les concerne, vivent peu en couple avant 25 ans, mais le sont de plus en plus au-delà : 50% des 25-29 ans (contre 45% en métropole) et 80% au-delà (contre 70% en métropole). Globalement, les femmes vivent moins souvent en couple que les hommes : 46% des femmes et 54% des hommes. Constat identique en métropole : 55% des femmes et 60% des hommes). 

Un écart d’âge deux fois plus grand qu’en métropole 

De ce précédent constat en découle un autre : les écarts d’âge entre conjoints et conjointes sont élevés à Mayotte avec huit ans d’écart en moyenne, contre quatre ans en métropole. Et dans huit couples sur dix, c’est l’homme qui est plus âgé que sa conjointe. Cet écart dépasse même 15 ans dans 12% des cas. Des écarts élevés qui concernent le plus souvent les couples dont l’homme a plus de 60 ans : 33% des hommes en couple âgés de 60 à 74 ans vivent ainsi avec des femmes d’au moins 15 ans plus jeune, contre à peine 4% en métropole. Dans le détail, l’écart d’âge moyen entre conjoints est de 10 ans dans les couples mixtes, de huit ans dans les couples étrangers, et de sept ans dans les couples français. 

L’enfant, suite logique à la vie de couple 

C’est là une autre spécificité forte du département : seulement 17% des couples vivent sans enfants, contre 50% en métropole. L’âge de maternité est également plus bas à Mayotte, et la mise en couple s’accompagne très souvent de l’arrivée d’un enfant, même lorsque les conjoints sont très jeunes : seuls 33 % des couples dans lesquels la femme a moins de 20 ans vivent sans enfant, contre 80 % en métropole. En ce qui concerne les couples composés de conjoints nés tous les deux à l’étranger, seuls 11% des couples n’ont pas d’enfant. Une part bien plus élevée pour les couples unissant deux personnes nées en métropole et qui vivent à Mayotte puisqu’elle est de 50%. 

Des profils au même niveau d’instruction 

Dernier constat : les personnes qui vivent en couple ont souvent le même niveau d’instruction. 70 % des conjoints ont en effet le même niveau de diplôme, « alors que la probabilité que deux personnes de sexe différent prises au hasard parmi l’ensemble des habitants de Mayotte aient le même niveau de diplôme n’est que de 52 % ». « En particulier », rajoute l’Insee, « 7% des couples sont formés de deux personnes diplômées de l’enseignement supérieur, alors que la probabilité théorique que deux personnes de Mayotte soient diplômées du supérieur n’est que de 1 %. » Un profil statistique qui se retrouve également sur la question de l’emploi : « Deux conjoints ont bien plus souvent le même statut face [à lui] (68%) que deux personnes prises au hasard dans l’ensemble de la population (59 %). » En métropole, 51 % des conjoints ont le même niveau de diplôme, et 78 % ont le même statut d’emploi.

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