Les femmes doivent-elles rester à la maison et les hommes travailler? Existe-t-il des métiers réservés aux garçons et d’autres aux filles? Une fille peut-elle jouer au foot et les garçons à la poupée? Ces questions, des élèves du primaire et du secondaire ont tenté d’y répondre à travers une projection suivi d’un débat.
Initiée par la délégation des droits des femmes, service préfectoral, et le vice-rectorat, cette initiative avait pour but de briser les clichés et tabous. Ce sujet a été à l’origine d’une forte polémique cette année, en métropole, à travers l’ABCD de l’égalité, mais à Mayotte, l’expérience menée dans neuf écoles primaires, semble avoir porté ses fruits.
Faire tomber les murs de l’inégalité des sexes
Pendant l’année scolaire précédente, le vice-rectorat et la préfecture ont proposé aux établissements partenaires, de mettre en place des activités ludiques autour du thème de l’égalité entre les sexes. Théâtre, chant, chorégraphies ou encore lectures étaient au programme de ces animations. Elles ont fait l’objet d’un documentaire dans le cadre de cette opération de sensibilisation. Intitulé, Les filles aussi peuvent monter des murs, le film après sa projection hier, a suscité de nombreuses discussions au sein des élèves de l’école de Cavani stade, du collège de Passamainty, du lycée de Mamoudzou et celui de Kahani.
Le débat a ensuite, laissé place aux interventions de différents acteurs de la société mahoraise. Ils ont tous pour particularité d’exercer un métier dit féminin ou inversement alors qu’ils sont du sexe opposé. Femme gendarme ou sage-femme homme, ils sont victimes des stéréotypes comme Oumar Massoundi, maïeuticien au centre hospitalier de Mayotte. Lors de sa présentation, l’intéressé a expliqué ses difficultés à faire comprendre à sa mère qu’il se spécialisait dans ce domaine là. « J’ai attendu ma quatrième année de formation avant de lui en parler et le jour J, elle a mal réagi », se rappelle le jeune praticien. « Elle croyait que j’étais un pervers en quelque sorte car pour elle, c’était un travail de femme mais heureusement, elle a fini par accepter mon choix », ajoute-t-il fier d’avoir contribué à changer les mentalités chez ses proches.
« Certains ne veulent pas travailler avec moi car je suis une femme » Farrah Hafidou, entrepreneuse dans le secteur immobilier
Interpellée sur la question des idées reçues, Farrah Hafidou, entrepreneuse dans le secteur immobilier, a avoué observer une évolution positive. « C’est le cas mais elle est très lente à mon avis », répond avec une pointe de fatalisme, la chef d’entreprise. Et d’ajouter, « quand je rencontre des clients ou des partenaires, nombre d’entre eux sont surpris et il arrive que certains refusent de travailler avec moi parce que je suis une femme ».
Le sport n’échappe pas non plus à cette inégalité homme-femme. Hervé Curat directeur de l’UNSS Mayotte (union nationale du sport scolaire), a rappelé le nombre moins important de filles que de garçons, pratiquant un sport à l’école en association sportive. « 40% des adhérents sont des filles, pendant que d’autres ne peuvent pas pratiquer une activité physique parce qu’elles doivent aider leur mère à la maison après l’école », explique-t-il. Au-delà de la simple incitation à faire du sport, l’UNSS créé aussi des équipes mixtes comme dans le cas du beach rugby.
Il reste encore quelques murs à abattre comme le rappelait Patricia Leneutre chargé de projet à la préfecture et coordinatrice de l’opération. Mais depuis hier et la signature de la convention régionale, l’action de sensibilisation sur l’égalité fille-garçon a été officiellement lancé et sera mise en application dans toutes les écoles primaires de l’île. Rendez-vous dans quelques années pour constater si oui ou non, les a priori auront perdu du terrain chez les nouvelles générations.
Gauthier Dupraz
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