L’APPF976, l’association mahoraise qui veut sauver les animaux de l’île

Depuis le mois de juin, l’association pour la prévention et la protection de la faune de Mayotte multiplie les envois de chats et de chiens errants dans les familles d’accueil mais aussi les adoptions. À terme, le président Hervé Bouly veut renforcer la formation et l’information dans les écoles et faire rentrer la stérilisation dans les mœurs des habitants.

Ils s’appellent Pristie, Moro, Laya ou encore Maeva… Leur point commun ? Ce sont des chats et chiens mis à l’adoption par l’association pour la prévention et la protection de la faune de Mayotte. Si la structure existe depuis novembre 2018, sa véritable médiatisation remonte au mois de juin avec la mise en lumière sur son Facebook de Sweet, une femelle, et de ses cinq chiots retrouvés dans les rues de Passamaïnty. « On nous contacte et on voit ce que l’on peut faire », expose Hervé Bouly, le président. La première étape consiste alors à vérifier que l’animal n’est pas identifié. Puis s’ensuit toute une formalité réglementée par la loi française. Par exemple, les chats adultes peuvent être remis en liberté après stérilisation. Pour les chiens dans la force de l’âge, l’option privilégiée est leur envoi à la fourrière de Gueules d’Amour à Ongojou. « Mais elle n’a pas de convention signée avec toutes les mairies », regrette le fonctionnaire de la police nationale. Dans ce cas-là, l’adoption prime, « une procédure sécuritaire » à ses yeux.

Et à ce jeu-là, « les bébés partent comme des petits pains ». En l’espace de deux mois, Hervé Bouly recense trois signatures officielles et cinq dossiers en cours de finalisation. Démunie de refuge, l’APPF976 compte sur une quinzaine de familles d’accueil pour recueillir les canidés et les félidés, le temps qu’ils trouvent chaussure à leur pied. « On ne s’attendait pas à ce que les gens réagissent et s’investissent aussi rapidement », se réjouit le président. Toutefois, d’autres difficultés demeurent, à l’instar du volet financier, puisque l’association ne perçoit qu’une aide de 5.000 euros par an de la part de la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt pour prendre en charge la stérilisation, la castration et l’identification. Raison pour laquelle une adoption s’élève à 200 euros, « un tarif unique pour éviter les comptes d’apothicaires », qui comprend l’adhésion à la structure (20 euros) mais aussi les procédés vétérinaires cités ci-dessus ainsi que différents vaccins, comme celui contre la rage, et le passeport (180 euros).

Maltraitance et misère sanitaire

Si l’APPF976 « préfère aller doucement pour avoir des bases solides », elle recherche bien évidemment des bénévoles pour l’appuyer dans sa mission. « En fonction des qualités des uns et des autres, on grandira », assure Hervé Bouly, qui espère attirer des profils ciblés, notamment dans la logistique et la pédagogie. Et dans ce dernier domaine, le « chef d’orchestre » comme il se désigne, nourrit de grandes ambitions. En tête : de la formation et l’information dans les écoles car selon lui, « le respect de l’animal doit commencer par les enfants ». Il envisage également de faire de la prévention à l’aide d’un imam burundais, « qui parle parfaitement shimaoré », pour enrayer « les préjugés » à l’égard des chiens et des chats.

Enfin, l’association pour la prévention et la protection de la faune de Mayotte s’appuie sur le parrainage de la brigade de protection animale, regroupant des policiers et gendarmes bénévoles, pour intervenir dans le cadre de combat de chiens, « qui n’est pas une priorité du parquet ». En métropole, l’un des membres fondateurs de la structure remue ciel et terre pour mettre sur pied de nouveaux partenariats, avec le refuge de la fondation de Brigitte Bardot ou encore la SPA, « pour offrir une porte de sortie aux animaux et ne pas les euthanasier [ici] ». Entouré de bêtes durant son enfance à la campagne, Hervé Bouly aspire à « faire rentrer la stérilisation dans les mœurs ». Dans un but bien précis… « Il faut garder en ligne de mire que l’on veut sauver l’animal de la maltraitance et de la misère sanitaire. C’est notre grain de sable dans l’édifice mahorais ! »

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