Il se bouge : Daman, réalisateur de clips vidéo et court-métrages

 

{xtypo_dropcap}V{/xtypo_dropcap}êtu comme un ministre, Daman, créateur de Daman Studio et son ami Tchoka tournent un clip vidéo au plateau polyvalent de Chiconi. Il est à la fois acteur, metteur en scène et réalisateur. Les trois caméscopes du studio ont été sortis pour l’occasion. Le réalisateur les règle afin d’avoir tous les angles, ensuite les immobilise. Silence, ça tourne !

Le scénario est digne d’un clip de gangster. Deux bandes mafieuses se rencontrent. Le chef d’une des bandes (Daman) entre en scène, il est accompagné d’une belle fille pour livrer la marchandise. L’acteur déploie son talent et marche les mains dans les poches. Tout autour des jeunes Chiconiens, acteurs pour l’occasion, observent et admirent. Un d’eux chuchote : « Il est bon lui ! ». Mais le perfectionniste considère que la scène doit être rejouée. Alors ils recommencent, l’assistance les encourage : « Vous ne devez pas rire, c’est sérieux ! ».

La scène sera répétée une dizaine de fois. Ensuite, ils rejoueront une scène à peu près équivalente avec des acteurs différents. Daman déplore l’absence des filles dans les scènes. « Quand on fait les castings, il y a beaucoup de filles qui s’y présentent. Mais après, elles ne viennent pas au tournage ! Elles disent que leurs parents ne veulent pas. Pourtant on ne fait rien de mal. » En effet, seules deux filles y participent. Le tournage aura duré deux heures avec comme décors différents lieux de la ville.

 

Un autodidacte

 

Issimaïla a 26 ans, il est étudiant en Master 2 Pro Informatique Industriel à l’université de Metz. En parallèle, il prend des cours de vidéo et de montage sur Internet. Pourquoi ne fait-il pas des études dans l’audiovisuel ? « Après mon bac, je voulais faire un BTS audiovisuel, mais j’avais des notes catastrophiques en anglais et français. Mon dossier a été rejeté ». Non dissuadé par ce refus, il continue à se perfectionner. « Vous savez, j’ai commencé avec le caméscope de ma sœur en 2004 et aujourd’hui, j’ai des projets de réalisation de clip avec le Klan Demba », raconte-t-il.

Ce jeune homme discret, consacre tout son temps et son argent à la réalisation de clips des jeunes rappeurs. De l’argent, il en perd plus que n’en gagne. Et cela l’importe peu, « c’est le début », insiste-t-il sourire aux lèvres. Il vient de débourser environs 2500 euros de ses deniers personnels pour le concert de Studio Live Riddim3. Ce dernier est un regroupement des jeunes chanteurs mahorais. Dans un même clip, il réunit divers styles de chant. « C’est ça le Riddim, ça vient de la Jamaïque », explique-t-il.

C’est la troisième année consécutive que le concert a lieu à Chiconi. Le prochain sera organisé dans un autre village.  Bien qu’en terme financier le concert n’a pas rapporté autant qu’il l’espérait, ce fut quand même un succès pour lui. « On a pu le réaliser et les jeunes de 15 à 20 ans s’y sont rendus en nombre. C’est juste que la date a été mal choisie. C’était le dernier weekend avant le ramadan. Beaucoup de gens étaient en camping… »

La camera est le moyen d’expression de ce garçon timide. « La promotion des musiques mahoraises passent par les clips et l’unité, d’où mes actions », confie-t-il tout en déplorant le manque d’aide financière dans ce secteur.

 

Kalathoumi Abdil-Hadi

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