Le style Hollande, c’est la popularité affichée, le sourire retrouvé après avoir été malmené depuis deux ans par une France métropolitaine exigeante et qui ne cache pas sa déception. L’escale mahoraise a été vécue comme une baignade revigorante dans le lagon mahorais par le président, un test pour sa popularité.
En face, les Mahorais se sont montrés accueillants, comme ils l’ont toujours fait pour un ministre ou un chef de l’État. Mais la différence d’avant la départementalisation est notable. Avant, une joie zélée rayonnait sur les visages, les drapeaux tricolores, les chants des femmes et les salouvas chatoyants apportaient toute la couleur et la saveur à cette République un peu fade. Désormais ces artifices ont été remplacés par les téléphones portables et autres tablettes des badauds, les chants spontanés par des groupes rémunérés.
On recherche le “selfie” avec le président, on prend des images et vidéos à poster sur son Facebook, histoire de dire “j’y étais”.
Le président est une star du cinéma médiatique plus qu’un morceau de la République. Or que demande-t-on à une star, sinon de continuer à faire des films pour faire rêver les gens, là où par le passé, on demandait aux hommes d’Etat de prendre des engagements sur le statut de Mayotte et sa départementalisation tant souhaitée ?
Le style Hollande, ce n’est définitivement pas celui de François Mitterrand. En effet, ce dernier lorsqu’il était venu dans l’océan Indien en 1986, s’était rendu directement à Moroni sans passer par Pamandzi. Une insulte pour les Mahorais.
Le style Hollande, c’est plutôt celui de cet autre président corrézien, Chirac, resté populaire dans le coeur des Mahorais par son approche de proximité, presque familière avec les Outremers.
C’est ce que Hollande a essayé de faire cette fois-ci, en affirmant que “Mayotte est pleinement dans la République française”, afin de regoûter à une popularité perdue sous d’autres cieux.
Ce changement de style marque aussi un tournant définitif dans la gestion socialiste du dossier mahorais. Le rapprochement politique de Mayotte avec les Comores n’est plus une option pour le Parti socialiste, car il n’est pas l’aspiration des Mahorais, qui sont aussi des électeurs.
Désormais, toute idée de rapprochement de notre confetti français avec l’Archipel voisin doit se faire sous l’angle uniquement économique et dans le cadre d’une coopération d’État à État.
La gauche de Hollande ne défend plus mordicus l’idée d’une indépendance de Mayotte dans les Comores, plus pragmatique, elle sait que la liberté réside avant tout dans la capacité à se développer et à construire une économie viable.
Adrien Theilleux
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