Grève générale. “Le rapport de force a changé”

La chaleur n’a pas découragé les grévistes qui se sont levés tôt hier matin pour se rassembler devant le comité du tourisme. Avant que le cortège prenne la route de la préfecture, les secrétaires généraux des différents syndicats ont rappelé les revendications qui les réunissaient aujourd’hui : application du Code du travail national, indexation des salaires, attractivité ou encore “fin des attentes au droit syndical”. Durant toute la manifestation, les grévistes ont scandé le slogan “égalité et justice sociale”.

3000 personnes ont défilé selon les syndicats, une mobilisation jugée satisfaisante par les organisateurs. Elle reste néanmoins mesurée par rapport aux 43 500 actifs occupés (c’est-à-dire qui occupent un emploi déclaré) que recense l’Insee dans l’île (chiffres datant de 2014). “Tout est relatif, car Mayotte nous avons une culture syndicale naissante avec des salariés qui ont encore peur des pressions venant de leurs employeurs”, explique Anrmy Bourhane délégué syndical UI-CFDT chez SFR. Pour El Anzize Hamidou secrétaire générale de UD-FO M ayotte, un tel rassemblement n’avait plus vu le jour depuis 2011. “Ces dernières années, d’habitude on comptait 300 personnes sur un mouvement de grève générale, aujourd’hui je considère que le rapport de force a changé”, lance-t-il.

Certains syndicats n’excluent pas un blocage de l’île

Le département semble prendre conscience des enjeux en termes de droits salariaux et sa population se rassemble autour de cette idée d’égalité réelle dans les faits. La mixité qui caractérisait ce mouvement confirme cette solidarité. Mzungu, Mahorais, jeunes, vieux, agents du privé ou du public, le cortège détonnait par son mélange. À l’issue de la manifestation, les représentants syndicaux ont rencontré le préfet qui a noté leurs doléances. Mais le haut fonctionnaire de l’État a avoué son impuissance quant à l’application d’une politique qui viserait à mettre en place une égalité sociale et salariale par rapport à la métropole et à la Réunion. “Je ne suis pas ministre”, a répondu Seymour Morsy.

“Le but aujourd’hui est de montrer que nous sommes dans une démarche constructive ouverte au dialogue social”, rappelle El Anzize Hamidou avant d’ajouter, “nous ne sommes pas là pour cristalliser les déceptions des uns ou des autres au contraire, nous voulons les canaliser”. Anrmy Bourhane dénonce lui une tentative de boycott venant notamment de certains médias. “C’est à se demander si les patrons ou la préfecture n’étaient pas aux commandes, car les grévistes sont passés dans certains articles comme des délinquants prêts à rééditer les troubles de 2011 alors que c’est tout le contraire”, s’indigne-t-il. Le secrétaire général UD -FO a rappelé que si la réponse de l’État dans les prochains jours s’apparente à un “foutage de gueule” selon les termes employés par le syndicaliste, les grévistes passeront à la vitesse supérieure avec un blocage “non-violent” des principaux axes de l’île. La grève reste à ce jour suspendue jusqu’à l’arrivée la semaine prochaine de George Pau- Langevin, la ministre des outremers, l’occasion pour le mouvement de faire entendre encore un peu plus sa voix auprès de l’État.

GD

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