Comme le dit le proverbe, « la jeunesse n’a qu’un temps », cela se vérifie aussi en politique. Membre du « conseil des sages » de l’Union pour un Mouvement populaire (UMP), le nouveau président est en effet le doyen des nouveaux élus. Par le passé, il a été sénateur de Mayotte (2004-2011), un mandat pour lequel il n’a pas laissé beaucoup de traces de son travail, mais aussi président du Smiam (2001-2008).
En tant que doyen, le conseiller d’Ouangani a présidé la séance, tandis que sa colistière Moinécha Saïndou, benjamine de l’Assemblée, était nommée secrétaire de séance. Pendant un moment, Daniel Zaïdani, le président sortant a donné des signes de fébrilité.
Manifestement ému, l’élu du Mouvement pour le développement de Mayotte (MDM) a communiqué son sentiment. « J’espère que les nouveaux élus sauront faire progresser le Département » a-t-il égrené sans grandes convictions.
« J’ai pu constater que mon passage à la présidence n’a pas dégoûté les jeunes de la politique », a-t-il argué comme pour justifier son mandat. Il revendique désormais le statut d' »ancien » et évoque la « sagesse et l’expérience » qu’il a acquises en tant que président de 2011 à 2015. Pas de réjouissances cependant pour celui, qui se voyait déjà réélu dans un fauteuil. Faute d’avoir trouvé suffisamment de soutien et de solidarité dans son ancienne majorité, Daniel Zaïdani est sorti du 2nd tour en position de faiblesse.
Il a donc laissé son siège, sans cérémonial au nouveau président, par encore élu à ce moment là. Celui-ci a prononcé un discours entendu et neutre, sans fraicheur, avant de laisser la secrétaire de séance faire l’appel.
Ahmed Attoumani Douchina, le conseiller de Bouéni/Kani-Kéli a demandé la parole pour expliquer le positionnement de son groupe. Rapidement, après le 2nd tour, deux groupes se sont constitués avec l’UMP comme noyau, d’une part, et les élus UDI/MDM de l’autre côté. « Le 1er groupe a réussi à rassembler 16 conseillers », faisant même basculer les conseillers départementaux de Dembéni, pourtant élu avec l’étiquette du MDM, dans le camp adverse.
Reconnaissant leur impossibilité à rassembler plus que leurs confrères de l’UMP, le groupe de Douchina a donc décidé de ne pas présenter de candidature à la présidence du Département, et par là-même à ne pas constituer de groupe d’opposition. C’est là toute la subtilité et la finesse politique de l’homme de Mronabéja, parvenir à dynamiter le conflit avant qu’il ne se présente.
« Cela peut être interprété comme une reddition sans condition, a-t-il justifié, mais le courage et la responsabilité nous commandent de travailler pour cette population qui nous a faits confiance ». Se plaçant au dessus de la mêlée des partis et des querelles partisanes, le conseiller de Bouéni n’a cessé de rappeler les « attentes et les espoirs de la population », qui placent selon lui les élus « face à des responsabilités » vis-à-vis du peuple de Mayotte.
De ce fait, l’opposition n’a pas présenté de candidature à la présidence du Département. Ce qui fait qu’en théorie, l’opposition n’existe pas et que tous les conseillers peuvent travailler avec la majorité. Cette situation de consensus, qui prévaut en général lors des séances plénières ne va pas clarifier le positionnement politique local sur les grands dossiers, mais elle a le mérite de ne parler que d’une seule voix à Paris.
Face au gouvernement, le Département avance désormais avec une majorité, certes UMP, mais unanime, ce qui le place en position de force pour faire avancer les dossiers et les grands projets. Et en cas de basculement du gouvernement à l’UMP lors des législatives en 2017, le Département serait en bonne position pour faire avancer ses projets. A ce titre, le nouveau président du Département a déjà été salué par un « tweet » de félicitation de Laurent Wauquiez, secrétaire général de l’UMP sur le plan national.
Adrien Theilleux
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