Édito : De l’intérêt des classes moyennes

Il revient à l’Etat à assurer l’existence d’un système de santé correct, permettant d’élever l’espérance de vie. Il convient aussi, et surtout, à l’Etat à mettre en place un système éducatif efficace. Car c’est par là, et uniquement par là, que le pays, le territoire pourra se (re)lever.

 

L’éducation permet d’apprendre à lire et à écrire, la base. Elle permet aussi de mieux comprendre le monde, proche ou plus lointain, qui nous entoure. Elle permet la diffusion de connaissances techniques, scientifiques pour améliorer ensuite le quotidien. L’éducation permet de disposer de cadres intermédiaires, puis supérieurs, à même d’assurer la gestion d’équipes, de projets, de financements, à même de créer des entreprises, de permettre au territoire de disposer de moyens pour se développer et faire fonctionner ses institutions. L’éducation permet ainsi la naissance progressive d’une classe moyenne. C’est elle qui génère ensuite de l’activité, et par son pouvoir d’achat engage le territoire dans une spirale positive, vertueuse.

 

De nombreux pays, à travers l’histoire ou la géographie, nous montrent les limites d’un territoire sans classe moyenne. Il y a ainsi une classe dirigeante très limitée, qui souvent conserve le pouvoir de façon héréditaire, accaparant l’essentiel des richesses, vivant aux crochets d’une population laborieuse. Les sociétés pharaoniques, les sociétés féodales européennes ont ainsi vécu un temps, jusqu’à ce que leurs population se révoltent, à cause d’abus pyramidaux en Egypte, grâce notamment aux philosophes des Lumières en Europe.

 

Ces sociétés féodales asservissent leurs peuples, s’en servent parfois pour faire la guerre, les empêchent d’accéder aux soins et à l’éducation, les empêchant de participer au développement du pays. En maintenant ainsi leur peuple dans la misère, ces castes dirigeantes, qui se partagent le pouvoir politique et ont mis la main sur le pouvoir économique, se complaisent largement dans ce système. Elles trouvent leur compte dans l’esclavage ou des salaires de misère, un niveau d’éducation leur permettant de raconter et de faire croire ce qu’elles veulent. Mais en fait elles se tirent une balle dans le pied en bloquant ainsi leur pays, car l’équilibre est chaque jour plus précaire, le peuple plus affamé, la colère plus grande.

 

Certains pays, territoires, ont comme tous un potentiel énorme, mais ils stagnent depuis des décennies, leurs populations souffrent, sans l’espoir d’un lendemain meilleur. Il suffit alors de regarder leurs castes dirigeantes. S’ils vivent dans des conditions luxueuses, si eux et leurs enfants vont à l’université ou se font soigner dans d’autres territoires, c’est un signe… Le système a tout intérêt à être maintenu en l’état, pour eux.

 

L’aide internationale pillée un temps, au détriment du pays, la mainmise sur les ressources naturelles, sur les importations de produits de base et/ou les entreprises publiques aujourd’hui, constituent des indicateurs dramatiques. Ces pays n’ont aucun intérêt à ce que la démocratie s’installe, l’éducation se développe et le peuple s’ouvre au monde. Ceux qui sont aux manettes maintiennent une misère artificielle et la population a pour seul espoir de fuir quand elle le peut.

 

Le principe de l’ascenseur social, l’espoir d’une vie meilleure pour ses enfants, qui a pu conduire des pays à se développer, est là complètement bloqué. Le pays stagne, l’argent manque pour les infrastructures qui se dégradent, l’eau et l’électricité sont rares, les ordures s’amoncellent, mais la télé par satellite, l’information et internet ouvrent les esprits…

 

Certains pays voisins sont dans une telle situation difficile où le pouvoir se partage entre les mains de quelques familles ou clans, où la démocratie reste balbutiante avec une population peu éclairée, peu informée. Mais il faudra bien que la situation se débloque, progressivement ou violemment.

 

Mayotte a pu bénéficier de l’école de la République depuis peu. Les cadres intermédiaires et supérieurs se mettent en place progressivement, dans le public et le privé. Les entreprises se créent, se développent, difficilement, mais le tissu économique se structure. Il existe des journaux pour s’informer, comprendre les enjeux, connaître son histoire, les projets en cours, voter en son âme et conscience. La justice, l’état de droit sont en place pour offrir un cadre de liberté, de sécurité à chacun.

 

C’est l’arrivée de la classe moyenne qui permet à une société d’avancer. C’est elle qui met le plus d’espoir dans une société en mouvement, pour elle et pour ses enfants. C’est elle qui constitue le cœur du développement et fait tourner une économie par ses constructions, ses achats, ses investissements.

 

Une société figée, bloquée, bride toutes les initiatives, tout ce qui peut bousculer l’ordre établi.

 

Les classes moyennes symbolisent le progrès de la société. Elles constituent le mouvement nécessaire aux Hommes. Les classes moyennes représentent l’espoir d’un territoire.

 

Laurent Canavate

Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.

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