Mais l’enquête sur commission rogatoire n’a véritablement commencé qu’il y a quatre mois sur instruction du juge Hakim Karki. Les molécules utilisées imitent les effets du cannabis, mais de manière décuplée, sans réel rapport avec le « joint habituel ».
La police, la gendarmerie et des spécialistes des douanes judiciaires venus de métropole ont uni leurs forces pour mettre à bas le réseau.
Au total, ce sont quatorze personnes qui ont été interpelées dans la journée de mardi, principalement à Mamoudzou et en Petite-Terre.
Deux d’entre elles, originaires de la métropole, ont été identifiées comme les têtes du réseau et les importateurs. L’un d’eux était un agent du conseil général. Il a été placé en détention provisoire hier soir à la Maison d’arrêt de Majicavo par le juge des libertés. Les autres personnes en garde à vue sont des consommateurs et des revendeurs, toutes sont majeures. Pour certains, ils encourent de 3 à 5 années de prison, plus, si la molécule répertoriée est effectivement classifiée comme drogue dure.
Les autorités ont retrouvé environ trois kilos de drogue en poudre et saisi 30 000 euros sur le compte des trafiquants, plus 6 000 euros de biens matériels qui ont probablement été acquis par la vente de drogue et ont servi à son écoulement. Ils ont déduit qu’un peu moins de 10 kg de drogue avaient été importés depuis la Chine ou l’Inde par colis postaux.
La drogue en poudre était mélangée au tabac à l’intérieur des sachets de tabac à priser. Elle était revendue entre 5 et 10 euros le gramme, ce qui en faisait un produit plutôt bon marché.
Parfois on utilisait un diluant pour l’agglomérer au tabac. Mais la composition de la drogue changeait en permanence avec la modification de certaines molécules, ce qui en fait un produit instable en termes d’effets physiologiques.
Au départ, il semble que le dosage était approximatif, si bien que certains consommateurs aient pu développer des comportements proches de consommateurs de crack. Les effets de cette drogue sur l’organisme se traduisent par de l’agressivité, de l’euphorie délirante ou au contraire une apathie totale au bout de quelques bouffées.
Elle provoque chez les consommateurs un phénomène d’accoutumance « proche de celle du crack », selon le procureur Joël Garrigues.
Les dégâts de cette drogue sur le cerveau pourraient aussi être dévastateurs en fonction des molécules et du dosage employés. Certains prétendent que d’autres fournisseurs pourraient faire leur apparition après ce démantèlement, en fonction de la demande locale.
« Les personnes interpellées seront traitées comme des consommateurs et des vendeurs de drogue dure » a asséné le procureur hier lors de la conférence de presse au tribunal correctionnel.
Il compte accroître la surveillance en ciblant les colis postaux importés depuis l’Asie. En métropole, les autorités ont déjà opéré près de 60 saisies de drogues de synthèse, mais aucune affaire de la sorte n’a encore touché La Réunion.
Adrien Theilleux
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