Déceler d’éventuels réservoirs à risque épidémiologiques en ce qui concerne les facteurs d’émergence de la fièvre de la Vallée du Rift, à Mayotte : c’est l’objectif de la campagne que mènera le Centre international en recherche agronomique pour le développement (Cirad) au cours de l’année 2016. “La prévalence de cette fièvre à Mayotte est en nette régression depuis 2009. Selon nos observations, nous n’en avons trouvé aucune trace, explique Éric Brenner, responsable du dispositif de santé publique au Cirad, en charge de la mission. Nous souhaitons donc nous assurer qu’il n’y a pas eu de réintroduction de la maladie, et également en savoir plus sur ses facteurs de transmission pour pouvoir prédire d’éventuelles nouvelles épidémies.”
La fièvre de la Vallée du Rift se transmet de l’animal à l’homme, généralement au contact direct ou indirect de sang ou d’organes d’animaux infectés. S’il s’agit d’une maladie bénigne pour l’homme dans l’extrême majorité des cas, elle peut tout de même avoir des conséquences graves sur les espèces animales domestiques comme les bovins ou les chèvres, en occasionnant des pertes économiques, notamment à cause des avortements qu’elle provoque ou de la mort des jeunes. Les cheptels mahorais sont d’ailleurs sous surveillance régulière afin de s’assurer de leur bonne santé, après l’arrivée du virus ici, il y a quelques années.
De nombreuses espèces sont susceptibles d’être porteuses de la fièvre et de la transmettre à d’autres par l’intermédiaire des moustiques. Makis et chauves-souris aussi, comme l’explique notre intervenant : “Ces prélèvements nous aideront également à comprendre le rôle que ces espèces peuvent jouer, ou pas, dans la transmission du virus.”
Début des opérations au mois de février
C’est la raison pour laquelle, afin de mener l’étude scientifique, 140 lémuriens seront “prélevés” après anesthésie, le temps d’effectuer des prises de sang et des prélèvements de poils, puis relâchés. De même pour les chauves-souris, qui feront l’objet de la même démarche, dans la même quantité, et seront libérées au plus tôt, de nuit et sur les lieux de la capture. Certaines espèces de rongeurs et d’insectes sont elles aussi concernées. Les prélèvements auront lieu dans toute l’île, y compris en Petite-Terre, afin que l’enquête soit menée sur un échantillon représentatif de Mayotte, pour s’assurer qu’il ne subsiste pas, ou que ne sont pas réapparus, de potentiels foyers de transmission du virus. Tout cela dans le plus strict respect de l’environnement, car l’opération doit répondre à des normes précises : “Ce genre de campagne répond à des critères, reprend le responsable. Nous sommes passés par divers comités d’éthiques, notamment en Angleterre et à la Réunion pour déterminer ce qui peut se faire ou pas en fonction des espèces. L’idée est d’objectiver au maximum nos recherches, sans provoquer de dérangement ou de stress inutile.” Rendez-vous en début d’année, donc, pour suivre les résultats de la campagne, et avoir confirmation que la fièvre de la Vallée du Rift à Mayotte a bel et bien disparu.
G.V
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