Pour rappel, en juin dernier, une partie des salariés du dépôt frais de la Sodifram cessait le travail pour protester contre le non-versement du salaire de leur délégué syndical, Taanlabi Mouhoudhoire Ali. La direction avait en effet estimé que l’homme ne se présentait plus à son poste depuis plusieurs semaines, le salarié s’occupant à temps plein de ses activités syndicales.
Le conflit s’est rapidement envenimé dès lors que les grévistes ont bloqué l’accès au dépôt frais, empêchant ainsi d’une part les non-grévistes de se rendre sur leur lieu de travail, mais aussi les camions de livraison d’aller et venir, cessant de fait l’approvisionnement des magasins.
La direction du groupe avait alors porté plainte contre cinq grévistes pour entrave à la liberté de travailler, avec en tête le même délégué syndical, Taanlabi Mouhoudhoire Ali.
La justice avait à l’époque tranché et demandé la levée immédiate du barrage, sans quoi les grévistes seraient punis de 50 € par jour de blocage et par salarié.
Malgré tout, le mouvement avait continué pour atteindre 10 jours, occasionnant ainsi d’importantes pertes financières pour le groupe.
Une fois les choses rentrées dans l’ordre et le protocole de fin de conflit signé, la direction du groupe a entamé une procédure de licenciement à l’encontre des cinq délégués syndicaux déjà traînés en justice lors de la grève et trois militants.
Pour le syndicat, c’est parce que ces personnes ont “osé exercer leur mandat syndical et défendre les salariés de leur entreprise” qu’elles sont aujourd’hui licenciées.
“Nous avons envoyé le dossier à la fédération nationale car la problématique touche à la syndicalisation et porte atteinte au droit fondamental de se syndiquer. Si la direction de la Sodifram va jusqu’au bout de ces procédures, c’est tout simplement la mort du syndicalisme au sein de l’entreprise” indique El Anziz Hamidou, secrétaire général de l’UDFO Mayotte.
Selon lui, si la fédération nationale lance aujourd’hui un préavis de grève pour le 8 septembre prochain, c’est parce qu’elle n’a pu raisonner la direction du groupe.
De leur côté, les dirigeants de la Sodifram, contactés hier soir par téléphone, jugeaient l’annonce trop prématurée pour se prononcer sur le sujet. “Nous avons appris la nouvelle il y a une demi-heure, nous allons nous réunir dans les jours à venir et nous communiquerons en temps voulu”, confiait le DRH de l’entreprise, Darcaoui Toiliha.
Le climat déjà glacial au sein du dépôt frais, devrait donc se détériorer dans les jours à venir si des négociations ne sont pas entamées entre les deux partis. La fédération nationale en appelle d’ailleurs à l’intervention des pouvoirs publics pour “prendre toutes les mesures nécessaires à l’apaisement de cette situation dans l’intérêt de tous”.
Le syndicat se veut particulièrement incisif, “partout où la liberté syndicale sera attaquée, la FGTA-FO se mobilisera. La FGTA-FO ne reculera pas devant l’intimidation et n’abandonnera pas ses camarades”, conclut le préavis de grève.
M.C.
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