Cela peut en surprendre plus d’un mais Mayotte est capable de produire du cacao et du café de très bonne qualité et qui n’a rien à envier aux plus grandes productions internationales. Cependant, ces produits sont sous exploités ou laissés à l’abandon. L’association Café cacao maoré créée en mars 2019 s’est donnée pour mission de remédier à cela et de planter du café et du cacao sur l’île afin d’installer un véritable système de production.
Mayotte regorge de richesses encore méconnues du grand public. Le café et le cacao en font partie. Ces deux matières premières présentes sur l’île pourraient devenir emblématiques sur le territoire, mais encore faudrait-il les préserver et les valoriser. C’est la mission que s’est attribuée l’association Café cacao maoré qui regroupe 11 producteurs de Mayotte. Tous sont spécialisés dans différents domaines de l’agriculture, mais ils se sont réunis dans le seul objectif de sauver le café et le cacao de l’île. “L’idée nous est venue parce qu’on a remarqué qu’il y avait pas mal de café à l’état sauvage dans la commune de Tsingoni. Nous avons aussi trouvé d’anciens vestiges de plantations de cacao qui étaient entre Combani et Ouangani”, relate Valérie Ferrier, productrice et animatrice de l’association. Les plantations sont pratiquement toutes laissées à l’abandon. Un constat qui désole les membres de l’association car le café et le cacao de Mayotte ont un réel potentiel et ont chacun une particularité rare. “La variété de cacao d’ici est le criollo. Elle est très recherchée puisque c’est ce qui permet de faire du chocolat. On pourrait donc produire du chocolat à Mayotte. Le café est quant à lui très robuste, c’est-à-dire qu’il a un fort taux de caféine”, explique Valérie Ferrier. L’objectif de l’association est de relancer les exploitations de café et de cacao qui autrefois étaient très présentes sur l’île. Certains y voient un intérêt économique pour le territoire, mais la plupart des membres de l’associations sont des Mahorais qui veulent préserver le patrimoine local à travers ces filières qui sont en perte de vitesse et qui seront amenées à disparaître si la situation est laissée comme telle. Un premier jet d’essai a été lancé par l’association. Elle a présenté du chocolat fabriqué à Mayotte et du café au salon international de l’agriculture à Paris, au mois de février de cette année, pour faire connaître les produits. “Les gens étaient très agréablement surpris. Ils ne savaient pas qu’on pouvait produire du chocolat et du café à Mayotte. Ils ont adoré parce que ce sont des produits très recherchés”, rappelle la productrice.
Vers une production à plus grande échelle ?
L’association souhaite désormais passer à l’étape supérieure et ainsi produire le café et le cacao à plus grande échelle, même si les membres savent que cela prendra beaucoup de temps et d’argent. Ils ont demandé des subventions auprès des fonds européens et du conseil départemental. Leur projet de 260.000 euros est financé à 75% par ces aides. L’installation d’un atelier pour transformer les produits bruts est également en cours. Pour le moment, les exploitations sont quasi insignifiantes si l’on compare à d’autres territoires où la production est beaucoup plus développée. 1.400 plants de cacao ont été plantés l’année dernière et 300 kilos de cerises de café ont été récoltés. “L’idée est d’utiliser les pieds qui existent localement comme des pieds mères et de multiplier les variétés car l’île en a de très bonnes.” Avant de peut-être retrouver du café et du chocolat fabriqués à Mayotte dans les rayons des magasins, les exploitants se concentrent sur une petite production. Les produits seront vendus comme des souvenirs de Mayotte aux touristes. L’association est parfaitement consciente des retombées positives de ces filières, mais elle sait que le chemin sera semé d’embûches. “La production de cacao et de café n’est pas rentable sur le court terme car cela prend 4 ans pour faire pousser un cacaoyer par exemple. Les agriculteurs préfèrent planter un produit qui pousse rapidement et qui se vend plus facilement comme les bananes”, regrette Valérie Ferrier. Il leur est donc indispensable de préserver le peu qui reste. L’association prévoit de s’associer avec les propriétaires des parcelles qui longent la piste rurale de Maboungani (commune de Tsingoni) pour planter du café et du cacao et faire de cette zone un site touristique de ces deux produits. Peut-être qu’avec beaucoup de persévérance et de solidarité, le café et le cacao deviendront les nouveaux emblèmes de l’île aux parfums
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