{xtypo_dropcap} »C{/xtypo_dropcap}et inventaire n’a jamais été fait. L’objectif est la connaissance et à court terme la protection réglementaire par l’application des textes : si ces zones sont affichées par arrêté préfectoral, tous les dossiers devront en prendre compte. » Gilles Creuzot, le responsable du service de l’eau de la Daf, se félicite de la livraison avant la fin de l’année de cette étude du CNBM sur les zones humides, lancée grâce à des crédits du ministère de l’Ecologie à hauteur de 35.000€. « Ce sera un outil juridique beaucoup plus fort, même si aujourd’hui on intègre déjà les premiers éléments de l’étude, par exemple dans les plans locaux d’urbanisme (PLU) des communes, où on a veillé à maintenir en l’état les zones pressenties par l’étude. »
Le protocole de l’étude s’appuie sur deux critères issus d’une circulaire du ministère : la nature des couches du sol et la part des espèces déterminantes de zones humides qui doit dépasser les 50%. Sur le terrain, Valérie Guiot effectue des délimitations de ces zones au GPS et établit des fiches sur les critères physiques, la superficie, la typologie des habitats et répertorie les espèces végétales.

Des terrains plats et fertiles soumis à une forte pression agricole et urbaine

L’article L211-1 du code de l’environnement a instauré, depuis la loi sur l’eau de 1992, l’objectif d’une gestion équilibrée de la ressource en eau et des milieux aquatiques. Décliné dans le Sdage (Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux), cet objectif prévoit une déclaration à la Daf de tous les « installations, ouvrages, travaux et aménagements » (Iota) de moins d’un hectare, et une autorisation avec avis de la mission interservices de l’eau et de l’environnement à Mayotte (Miseen) pour les projets de mise en eau, de remblai ou d’assèchement de plus d’un hectare situés dans les zones humides.
« Pour instruire ces dossiers au titre de la loi sur l’eau, il faut d’abord savoir si le projet est en zone humide, mais jusqu’à maintenant aucune carte n’a été validée scientifiquement », explique Benjamin Espérance, responsable du service environnement et forêt de la Daf. Outre les PLU, les zones humides peuvent aussi être prises en compte dans les plans de prévention des risques (PPR), pour leur capacité à absorber les excédents d’eau en cas de fortes crues.
Des zones telles que la plaine alluviale côtière qui s’étend de Miréréni à Poroani au sud, les reliquats de forêts humides de Bouyouni au nord, ou encore le marais de Coconi sont en effet soumises à une forte pression agricole et urbaine, car ce sont des terrains plats et fertiles. Le cas le plus visible de cette pression est la construction de la station d’épuration dans la zone humide de Tsararano. « La zone humide va rester tant qu’on maintiendra les pâturages autour de la station, elle ne doit pas devenir un champ de maïs ou une zone industrielle », prévient M. Creuzot, qui ajoute que le choix d’implantation de la station à cet endroit a été effectué pour son intérêt général et son moindre impact sur l’environnement.

Un zonage qui préfigure la mise en place de Natura 2000

Du point de vue de la biodiversité, ces zones, qui évoluent au fil des saisons, recèlent une grande richesse floristique et faunistique. Cette étude qui va définir précisément les habitats et lister les espèces présentes servira de base à l’élaboration des zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (Znieff).
« En Métropole, ces zones ont été définies grâce au travail des associations environnementales avec les directions régionales de l’environnement (Diren). A Mayotte, les études sont commanditées par l’administration car les associations ne sont pas encore assez développées », constate M. Espérance, qui espère que ce zonage, qui sera complété par une étude sur la faune, sera achevé d’ici deux ans. Les Znieff permettront ensuite le zonage en Natura 2000, avec la rupéïsation de Mayotte prévue en 2014.
A terme, la délimitation des Znieff permettra de mettre en place le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE), prévu par la loi Grenelle 2 pour 2012, afin d’établir les liens entre les différents écosystèmes, par exemple les interactions entre les zones humides et les rivières ou le lagon, et ainsi d’assurer la continuité des « trames vertes et bleues ».
Toutes les communes de Mayotte sont concernées par cette étude de terrain : aujourd’hui, 10 communes ont été prospectées sur les 17. Cette étude, dont la livraison est prévue avant la fin de l’année, permettrait également d’appuyer une éventuelle inscription à la convention internationale de Ramsar de sites tels que le lac Dziani, celui de Karéhani, ou les mangroves des baies de Bouéni et Dzoumogné. A ce jour, seule la vasière des Badamiers figure sur la liste prévisionnelle des sites français.

 

 

Julien Perrot