Depuis 2017, l’Établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (EPFAM) est chargé d’accompagner les communes dans leurs projets d’aménagement. De nombreux projets prometteurs sont en cours sur tout le territoire, mais l’Epfam doit s’adapter aux restrictions propres à Mayotte.
Aider les collectivités à préparer la transformation de Mayotte d’ici 2050, voilà la principale mission de l’EPFAM. Pour cela, l’établissement doit viabiliser le foncier pour permettre aux communes et aux intercommunalités de réaliser toutes leurs ambitions pour le territoire. “On a un certain nombre de projets d’aménagements en cours avec différentes collectivités. Notamment une ZAC à Doujani, une à Longoni, une à Tsararano-Dembeni et une à Bandrélé”, indique Clément Guillermin, directeur de la stratégie des opérations à l’Epfam. Une ZAC est une zone d’aménagement concerté, et l’EPFAM a pour mission d’améliorer un quartier déjà existant ou d’en créer un nouveau. Celui de Doujani devrait permettre la création de 1.000 à 1.500 logements neufs dans le quartier des anciens lotissements de la SIM. La ZAC de Tsararano-Demebeni se fait en collaboration avec la CADEMA, et l’objectif est de sortir tout un quartier de terre. “Ce sera un nouveau quartier d’environ 2.000 habitants, avec des espaces verts, des équipements culturels, du commerce, peut-être même un cinéma”, explique Clément Guillermin.
La création de nouveaux logements est une chose, mais les collectivités ont également l’ambition de développer l’économie de Mayotte en créant des zones d’activités économiques. La communauté de communes du Sud (CCSud) a un projet sur les rails à Chirongui, plus précisément dans le village de Malamani. La Petite-Terre a également lancé une étude de faisabilité d’une zone d’activités économiques dans le quartier des Badamiers. “On sent que les collectivités avancent énormément sur cette question de la vision politique pour leur territoire à long terme. La plupart d’entre elles sont en train d’élaborer leur plan local d’urbanisme.”
Aménager dans le respect des richesses naturelles
Si les collectivités semblent vouloir changer la vision de l’île pour les prochaines années, tous les projets ne sont pas réalisables puisqu’ils doivent se soumettre à certaines contraintes. Il reste de la place pour les nouveaux projets, mais le foncier est une source rare sur l’île puisque certains propriétaires refusent de se séparer de leurs terres. À cela s’ajoutent les difficultés liées à l’environnement qui compliquent l’aménagement. “Mayotte est un territoire qui a un relief assez mouvementé. Il y a beaucoup de pentes et les zones plates se trouvent en bord de mer. Or sur la côte, il y a des risques de submersion marine ou d’inondation”, précise le directeur de la stratégie des opérations à l’Epfam.
Les communes ne peuvent pas non plus réaliser leurs projets d’aménagements sur les zones naturelles protégées. Il est certes important de développer Mayotte, mais il est tout aussi important de préserver sa richesse naturelle. L’Epfam doit donc s’assurer de ne pas détruire l’écologie. Chaque projet débute par un inventaire de la faune et de la flore afin d’éviter que toute construction ait un impact sur la nature. L’établissement a également pris l’initiative d’entamer une étude de définition des zones à protéger. “On a défini des zones qui ont un fort enjeu naturel ou un fort potentiel agricole. On ne pourra pas toucher ces endroits. Ce qui nous permet d’envisager le développement de Mayotte à 2050 dans le respect d’un équilibre entre ville, nature et agriculture.” Vous l’aurez compris, il est donc hors de question d’urbaniser n’importe où et à n’importe quel prix.
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